Lors de son intervention dimanche sur BFMTV, RMC et le site Mediapart, Emmanuel Macron est revenu les fortes tensions dans les hôpitaux, reconnaissant en particulier « une réalité insoutenable » dans les services d’urgences, qui est « le fruit de plusieurs décennies de défaillance collective ».
Cette prise de position du chef de l'Etat est intervenue quelques jours après son accueil délicat par des manifestants devant le CHU de Rouen, le 5 avril, et son interpellation par deux infirmières sur les suppressions de postes dans le secteur hospitalier.
Annonces fin mai
« La réponse est d’abord une réponse de réorganisation » des hôpitaux et de la médecine de ville, a estimé Emmanuel Macron, assurant qu’il n’y aurait « pas d’économies sur l’hôpital dans ce quinquennat ». « Nous avons augmenté le budget de la santé, mais il n’a pas augmenté au même rythme que certains le voulaient, et je l’entends tout à fait. On va regarder au cas par cas » a-t-il poursuivi.
Des « décisions précises » seront annoncées « fin mai » pour « redonner de la cohérence » à un « hôpital étranglé par un système devenu comptable », a-t-il souligné en référence à la tarification à l’activité (T2A). Ces annonces interviendront après la concertation initiée dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé, lancée le 13 février par Édouard Philippe et Agnès Buzyn. « On va réinvestir, en réorganisant, en sortant de la tarification à l’activité », a affirmé le Président, reprenant un de ses engagements de plafonner à 50 % la T2A des hôpitaux.
Rendez-vous comparable à la création des CHU
« Le rendez-vous de l’hôpital sera aussi important que celui de 1957 » qui a créé le statut actuel de l’hôpital, a promis le chef de l'Etat (en référence à la grande réforme hospitalo-universitaire mise en place par ordonnances en 1958).
Emmanuel Macron souhaite « enlever de la bureaucratie dans les hôpitaux » et mettre en place une « politique de rémunération qui permet d’accompagner le patient », une « politique qui améliore la prévention et qui rémunère davantage le parcours de soins ».
En réaction à ces propos, l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) a aussitôt réclamé un « moratoire sur les fermetures de lits », alors que le syndicat estime que « 100 000 patients par an sont hospitalisés sur des brancards ».
Pas en reste, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) rappelle ce lundi le rôle majeur du secteur privé dans le désengorgement des urgences – dont les 124 services accueillent 2,6 millions de patients chaque année. « Mieux répartir les malades entre les services d'urgences des hôpitaux publics et ceux des hôpitaux et cliniques privées améliorerait la situation » analyse le président de la FHP Lamine Gharbi.
Journée de solidarité, bis repetita ?
Autre sujet abordé lors de cet entretien de plus de 2 H 30 : le financement de la dépendance qui devrait faire l’objet d’annonces « fin 2018 ». Emmanuel Macron n’est « pas contre » l’idée d'instaurer une deuxième journée travaillée et non-payée pour financer la dépendance, dite « journée de solidarité ». « Une piste intéressante » a jugé Emmanuel Macron, qui souhaite « construire un financement pérenne ».
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