Le texte reprend les codes de « J'accuse… ! », le célèbre article rédigé par Émile Zola au cours de l'affaire Dreyfus. Cette fois, les signataires* de cet appel publié dans « L’Humanité » – syndicats, associations d'usagers de la santé, collectifs citoyens et organisations politiques – interpellent Emmanuel Macron et les « gouvernements précédents », tous accusés d’avoir mis « en péril la santé de la population, dans toutes ses dimensions, physique, psychique et sociale ».
En ville d'abord, les gouvernements sont d'abord accusés d’avoir « fait dangereusement progresser les déserts médicaux », à l’heure où des millions de Français sont privés de médecin traitant et où les délais d’obtention d’un rendez-vous « s’allongent indéfiniment ».
« Marchandisation »
Les pouvoirs publics sont aussi jugés coupables d’avoir « multiplié les obstacles financiers à l’accès aux soins » : dépassements d’honoraires évalués à « 3,5 milliards d’euros en 2021 », franchises médicales, forfaits, restes à charge ou encore « remise en cause de l’AME pour les sans-papiers ». Selon les signataires, jusqu'à « 30 % des personnes reportent leurs soins », tandis que les tarifs des mutuelles bondissent.
Les auteurs reprochent aux exécutifs actuels et passés d’avoir organisé « la casse de l’hôpital public », avec des « suppressions massives de lits » (4 100 en 2021), des fermetures de services, de maternités, de centres d’IVG ou encore le « démantèlement des hôpitaux de proximité ». Ce réquisitoire évoque la « destruction du secteur psychiatrique public », la concentration des établissements sanitaires et sociaux et une « marchandisation rampante » du secteur de la santé. Aux yeux des signataires, « l’austérité budgétaire » a conduit à une « insuffisance criante » de soignants et de personnels dans tous les secteurs de la santé, du social et du médico-social.
En finir avec l'Ondam
Dans ce contexte, l’appel exige des « recrutements à la hauteur des besoins », la « définition d’un nombre maximum de patients par soignant et par activité », l'arrêt des fermetures de lits et de services mais aussi la mise en œuvre d’un grand plan de formation à la hauteur des besoins de santé. Des mesures salariales et statutaires sont réclamées pour tenir compte de « l’engagement » des blouses blanches et de la « pénibilité » des métiers.
Les signataires militent pour la suppression des dépassements d’honoraires, la fin de la « gestion marchande du système de santé et de la politique d’austérité imposée par l’Ondam (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) ». Un changement de paradigme qui nécessite selon eux de modifier la loi de financement de la Sécu « dès 2023 ».
*Premiers signataires – Syndicats : Fédération CGT Santé Action Sociale, Fédération des orthophonistes de France, FSU, Fédération Sud Santé Sociaux, Solidaires, Union syndicale de la psychiatrie, etc. Associations et collectifs : Act Up Sud-Ouest, Association des médecins urgentistes de France (Amuf), Association nationale des sages-femmes orthogénistes, ATTAC, Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception, Collectif CIVG Tenon, Collectif Inter-Urgences (CIU), Comité ivryen pour la santé et l’hôpital public, Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, La santé n'est pas une marchandise, LaSantéUnDroitPourTous, Le fil conducteur psy, Médicament bien commun, Printemps de la psychiatrie, Stop précarité, etc. Avec le soutien des organisations politiques : ENSEMBLE !, Europe-Ecologie Les Verts, Génération.s, Gauche écosocialiste, La France insoumise, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français.
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