Tester puis isoler au besoin : c'est une des briques de la stratégie du gouvernement pour amorcer le déconfinement dans de bonnes conditions.
Déjà lancé sous forme expérimentale, le recours à l'offre hôtelière a été acté par Matignon. « Si vous êtes testé positif, vous aurez le choix entre un confinement à domicile ou [...] un hôtel qui pourra être mis à votre disposition, [...] avec un suivi médical, des règles de fonctionnement, une durée déterminée de temps » et « un examen médical avant de reprendre une vie normale », a expliqué le premier ministre dimanche dernier en exposant les principes du déconfinement progressif.
Ce suivi a également pour intérêt de désengorger les hôpitaux saturés dans les régions les plus exposées. Secouée par l'épidémie, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) expérimente ce dispositif en partenariat avec le groupe Accor (lire encadré). Précurseur, l'hôpital de Perpignan collabore depuis mars avec un hôtel de l'enseigne Première Classe, réquisitionné par la préfecture pour y loger certains malades.
Auscultés deux fois par jour
« Deux types de patients peuvent être admis : soit des gens qui sont en tout début de maladie [adressés par la médecine de ville, NDLR] qu’il faut surveiller attentivement ; soit des gens qui sortent d’hospitalisation mais dont le cas peut se réaggraver à la sortie. C’est pour cela qu'y travaille une équipe de Médecins sans frontières composée de deux infirmières et d’un médecin [issu de la réserve sanitaire, NDLR] », explique le Dr Hugues Aumaître, chef du service maladies infectieuses au centre hospitalier de Perpignan.
À l’hôtel Covid de Perpignan, c'est le Dr Florent Masson, d’ordinaire médecin du travail, qui officie auprès des patients-résidents, auscultés deux fois par jour dans leur chambre. « Les conditions d’exercice sont un peu inédites du fait que l’on doit porter des équipements de protection individuelle. Mais on s’adapte. Par ailleurs, je trouve que l’ouverture de cet hôtel constitue un bon tampon entre la médecine de ville et l’hôpital. Cette coordination, qui comprend aussi l’ARS, est très facilitante pour nous dans la gestion du lieu », précise le médecin.
Refuge
À l’origine, l’hôtel Première Classe de Perpignan avait été réquisitionné pour accueillir les habitants de quartiers devenus des clusters. Dans la capitale nord-catalane, une population gitane sédentarisée a été particulièrement frappée par l’épidémie. Certains malades ont été invités à rejoindre cet hôtel afin de préserver leurs proches et leur voisinage.
Mais d'autres patients, isolés et souvent précaires, ont investi les lieux. C'est le cas de Jacques, 60 ans, souffrant d’un mal de dos chronique, d’une surcharge pondérale et sans emploi. Logé chambre 17, il est arrivé à l’hôtel après 13 jours sous aide respiratoire au CH de Perpignan. « Aujourd’hui, je vais mieux, indique Jacques au "Quotidien". On prend soin de nous et on mange bien. Je le précise parce que chez moi, qui vis seul, je fais un peu n’importe quoi ». Jacques a retrouvé son domicile vendredi dernier, 21 jours après son admission initiale à l'hôpital.
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