Édouard Philippe : « Se dire qu'avec le vote d'une loi grand âge tout ira mieux, c'est tomber dans un travers »

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Publié le 10/09/2024
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Invité mardi 10 septembre aux Assises nationales des Ehpad, Édouard Philippe a préféré insister sur les difficultés de financement de l’autonomie que de prôner les avantages d’une future loi grand âge, un texte qu’il n’a pas soutenu quand il était Premier ministre.

Édouard Philippe était l’invité vedette des Assises nationales des Ehpad ce mardi 10 septembre. C’est sous sa triple casquette de maire du Havre, d’ancien Premier ministre et de candidat à la prochaine élection présidentielle que l’homme politique a été présenté par Luc Broussy, organisateur de l’événement et grand manitou du secteur. C’est sur le volet de la politique nationale qu’il était le plus attendu.

Pourquoi Édouard Philippe n’a pas poussé à voter la loi grand âge lorsqu’il était à Matignon alors qu’Emmanuel Macron en avait fait l’un des grands marqueurs sociaux de son premier quinquennat ? Édouard Philippe, qui connaît bien le sujet pour avoir modernisé le parc d’Ehpad du Havre dès son arrivée à la mairie en 2010, a concédé ne pas avoir été moteur pour ce texte de loi. Conscient de la complexité de l’architecture du dispositif de gouvernance et de financement de l’autonomie et du grand âge, partagée par le département, l’État et les familles, lui et son gouvernement avaient préféré défendre un projet de loi relatif à la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale pour sanctuariser le plus possible le financement du secteur.

Pour Édouard Philippe, il était également difficile de mettre en œuvre la loi grand âge sans la garantie d’un financement pérenne, dont la source devait provenir de la réforme des retraites. Un dispositif à l’équilibre jugé précaire pour le Havrais. « Je sais combien il y a une appétence et un besoin d'un dispositif législatif et d'avancer […] mais se dire qu'avec le vote d'une loi grand âge tout ira mieux, c'est tomber dans un travers […], c'est un peu plus compliqué que ça », a-t-il déclaré.

Mur démographique

En tant que candidat à la prochaine élection présidentielle et face au mur démographique qui nous attend, Édouard Philippe a insisté sur les besoins financiers énormes du secteur alors que « les finances publiques ne sont pas dans un état florissant ». Deuxième source d’inquiétude à ses yeux : le modèle même de l’Ehpad, qu’il serait bon de réformer. À terme, a-t-il indiqué, l’Ehpad ne devra pas être l’unique solution pour accueillir les personnes en situation de dépendance ou qui le seront dans les années à venir. Selon lui, il faudra développer d’autres services juste avant le passage à la dépendance, inventer un autre circuit de financement pour les Ehpad. Pour ce faire, l’ancien Premier ministre évoque plusieurs « excellents rapports qui apportent plein de solutions ». Ironiquement, évidemment.

Le (petit) mea culpa d’Édouard Philippe sur la crise sanitaire

On lui a suffisamment reproché la gestion de la crise sanitaire. Quatre ans plus tard, l’ancien Premier ministre marche encore sur des œufs. Très prudent dans ses propos, Édouard Philippe a esquissé un léger mea culpa sur l’interdiction faite aux familles de visiter leurs résidents. Si l’objectif était d’éviter l’exposition au virus, la conséquence « fâcheuse de couper le lien avec les familles » a été regrettable. Dans ce contexte, a-t-il expliqué, les décisions politiques prises « ne sont jamais satisfaisantes ».


Source : lequotidiendumedecin.fr