Alors que le second tour des législatives se rapproche, des acteurs du système de santé hexagonal continuent de se mobiliser contre l’arrivée possible au pouvoir du Rassemblement national.
Sans ambiguïté, les grandes fédérations hospitalières (FHF, FHP, Fehap) sont montées au créneau, des dizaines de soignants ont signé une déclaration commune pour faire barrage au RN. Les syndicats de médecins libéraux, beaucoup plus discrets, ont fait passer quelques messages.
Moins médiatiques que les syndicats traditionnels, les représentants des directeurs d’établissement de santé et cadres hospitaliers, affichent aujourd’hui un positionnement offensif sur les « risques » d’un RN aux manettes du pouvoir, avec une politique en contradiction avec certaines valeurs du service public hospitalier.
Pour les managers du Syncass-CFDT, le risque est réel
Le Syncass-CFDT (Syndicat des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux) affirme dans l’édito de sa newsletter son opposition à l’extrême droite « dans cette période si singulière de notre vie démocratique où pour la première fois le risque [qu’elle arrive au pouvoir] est bien réel ». Un point de vue déjà exprimé lors des élections présidentielles de 2002, 2017 et 2022 lors desquelles Jean-Marie puis Marine Le Pen avaient réussi à se qualifier au second tour. Le Syncass-CFDT a noué des liens de longue date avec d’autres syndicats européens déjà confrontés à l’extrême droite au pouvoir. « Partout, toujours, l’égal accès aux services publics y est bafoué, les droits et les libertés des travailleurs y sont attaqués, leurs garanties remises en cause, la place et les droits des femmes et la nécessaire transition écologique sont en recul », peut-on lire.
Le SMPS pointe les « tensions, la fragmentation »
Le Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS) a exprimé très tôt son inquiétude face au risque RN, expliquant qu’il « ne transigera pas avec les valeurs du service public hospitalier ». L’organisation de cadres hospitaliers pointe « les tensions à l’œuvre dans notre société, la fragmentation de celle-ci et les sentiments de défiance grandissants qui en résultent ». Comme la CFDT, le SMPS appelle à respecter les valeurs de solidarité, d’exigence, d’engagement des agents publics, d’égalité, d’inclusion et d’égal accès aux soins pour tous sans distinction et sur tout le territoire.
Jérôme Goeminne, président du SMPS, l’affirme plus clairement : « Le service de santé fonctionne grâce aux Padhue [praticiens à diplôme hors UE], on ne peut pas leur fermer la porte. Il faut poursuivre le parcours actuel de validation de leurs acquis. » Quant à l’aide médicale d’État (AME) pour les étrangers sans papiers, elle doit être « maintenue absolument ».
« Les services publics, ciments de notre société », selon le CH-FO
Le syndicat Cadres hospitaliers Force Ouvrière (CH-FO) n’est pas en reste. Dans un communiqué, il souligne que « l’inquiétude est grande sur le tour que va prendre notre démocratie, nous le ressentons dans nos établissements, ou chez nos proches ».
Tout en rappelant son indépendance à l’égard de tout parti ou gouvernement, l’organisation rappelle son combat contre les atteintes aux libertés, le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, l’homophobie et toutes les autres formes de discrimination. Et d’énumérer les menaces pesant sur le renforcement des services publics, « ciments de notre société », l’accès universel à la protection sociale, la défense de la liberté d’expression et de création, le respect du dialogue social et des libertés syndicales, la défense des droits des retraités et des chômeurs.
L’Association des directeurs d’hôpital vigie des valeurs ?
Dans la même veine, l’Association des directeurs d’hôpital (ADH) ne cache pas son inquiétude. Souhaitant conserver sa neutralité, elle réaffirme néanmoins « son attachement indéfectible aux valeurs de la démocratie et de la République ainsi qu’à celles du service public hospitalier », à défendre avec une détermination « sans faille ». « Excellence, haut niveau de qualité et de sécurité des soins pour toutes et tous, maillon essentiel de l’accès aux soins » sont les composantes essentielles de ce service public hospitalier, rappelle l’ADH, qui se positionne en vigie, voire en lanceuse d’alerte afin de « promouvoir, valoriser et protéger ces valeurs ».
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