Après la région PACA jeudi dernier, le gouvernement a détaillé les grands axes de son « plan Ségur » pour la région Île-de-France, à hauteur de 2,4 milliards d’euros sur les dix prochaines années.
La concertation menée par l’agence régionale de santé (ARS) a permis « de faire émerger les priorités stratégiques de la région : la santé mentale, le grand âge et l’autonomie, et le premier recours », résume Amélie Verdier, directrice générale de l’ARS francilienne.
Celle-ci a également décidé de mettre l’accent sur l’attractivité et la fidélisation des professionnels de santé, en accordant une attention particulière à la problématique du logement des soignants (avec une enveloppe de 50 millions d’euros). Des solutions locales sont certes déjà expérimentées (bonification de loyers ou de droits de réservation) mais il s'agit cette fois de mettre en place une solution coordonnée.
« Les hôpitaux et les Ehpad d’Île-de-France vont connaître le plus grand plan d’investissement depuis leur construction : 2,4 milliards d’euros grâce au Ségur de la santé », a insisté Olivier Véran. Dans le détail, il s’agit notamment de restaurer les marges financières des établissements (840 millions pour la reprise de dette), de financer des projets sur la prise en charge en santé mentale (310 millions) ou de soutenir les investissements du quotidien de 397 établissements de santé (à hauteur de 96 millions) et 297 EHPAD (9 millions).
Saint-Ouen, Boulogne, Bobigny, Bondy...
Les établissements de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dans le cadre de la stratégie régionale d’investissements à l’échelle du Grand Paris, bénéficieront d’une enveloppe totale d’1,2 milliard d’euros.
Plusieurs projets emblématiques sont concernés : la construction du nouvel ensemble hospitalier à Saint-Ouen (CHU Grand Paris-Nord), qui regroupera notamment les activités des sites de Bichat et Beaujon ; la reconstruction de l’hôpital de Garches sur le site de l’hôpital Ambroise Paré, à Boulogne-Billancourt pour « renforcer la prise en charge du handicap » ; la construction du nouveau pôle femme-mère-enfant à Avicenne (Bobigny) ou la restructuration de l’hôpital Jean-Verdier (Bondy). Autres projets de l’AP-HP : la réorganisation du plateau technique interventionnel de Bicêtre ou le nouvel Hôtel-Dieu (partie hospitalière).
Dans le Val-de-Marne, le projet de santé du GHT 94 Nord (regroupement des hôpitaux de Saint-Maurice et du CH des Murets) sera soutenu à hauteur de 93 millions. Il permettra de recomposer l’offre de soins en psychiatrie et en SSR mais aussi d’accompagner le virage ambulatoire et de moderniser le patrimoine immobilier.
Dans le Val-d’Oise, le CH de Gonesse, très endetté après son opération de reconstruction, bénéficiera d’une dotation spécifique de 48 millions, au titre de la restauration des capacités financières. Versés sur une durée de 10 ans, ces crédits permettront à l’établissement de « retrouver des marges de manœuvre complémentaires et de conforter sa trésorerie », explique le ministère.
Qualité hôtelière
Dans le cadre de la priorité régionale pour la santé mentale (300 000 adultes et 110 000 enfants reçoivent des soins chaque année dans les établissements franciliens de psychiatrie), l’ARS Île-de-France a choisi de soutenir tous les projets d’investissements présentés par les établissements ayant une activité de psychiatrie.
Ainsi, 36 établissements sont concernés pour une aide globale évaluée à 310 millions d'euros (pour des projets soumis d'un montant d'un milliard). Il s’agira d’aménager des unités d’hospitalisation « conformes aux attentes des patients en termes de qualité hôtelière, homogènes et adaptables aux différentes modalités de soins ». Des espaces d’apaisement d'accès libre seront installés, une modalité alternative visant à « réduire le recours à l’isolement et la contention dans les situations d’agitation ou de comportement auto ou hétéro-agressif ».
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique