Trois ans après le premier confinement, quelle est la situation financière des établissements publics ? Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur l'activité hospitalière ? Force est de constater que celle-ci peine à retrouver son niveau d’avant la pandémie, a expliqué ce mardi la Fédération hospitalière de France (FHF).
Sur la période 2020-2022, « l’activité non réalisée du fait des vagues épidémiques représente environ 3,3 millions de séjours, c’est considérable » et même probablement sous-évalué, a souligné Arnaud Robinet, le président de la FHF. L’activité en chirurgie a fortement chuté depuis 2019 : - 3 % en 2021 tous secteurs (- 7 % pour le public), - 1 % en 2022 (-5 % pour le public) et - 6 % sur l’ensemble de la période 2020-2022 (-10 % pour le public).
Baisses d'activité
Si la baisse de la chirurgie en hospitalisation complète est similaire dans tous les secteurs (-12 %), la situation est plus différenciée en chirurgie ambulatoire : +3 % en 2021 (-5 % pour le public) ; + 7 % sur 2022 (stabilité pour le public), - 2 % sur l’ensemble de la période 2020-2022 (- 9 % pour le public). Au total, cela représente une carence de dix semaines d’activité en chirurgie (19 en hospitalisation complète et 3 en ambulatoire).
On retrouve des baisses d’activité similaires en médecine (- 6 % sur l’ensemble de la période 2020-22, -7 % pour le public), en médecine pédiatrique hors bronchiolite (-7 % sur l’ensemble de la période), mais aussi en SMR (soins médicaux et de réadaptation) : -11 % de journées en hospitalisation dont -16 % pour le secteur public. Cette chute d’activité « n’impacte pas uniquement les hospitalisations en aigu, c’est l’ensemble du parcours de soins de prise en charge qui est touché par cette dette épidémiologique et sanitaire », souligne Cécile Chevance, responsable du pôle offres de la FHF.
À la lueur de ces chiffres, Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF, estime que la pandémie a « engendré des enjeux de santé publique et des besoins nouveaux en matière de santé ». Elle espère donc que tous les acteurs du secteur hospitalier vont à l’avenir « se retrousser les manches, pour que l’on puisse optimiser les parcours et rattraper ce retard ».
Les dépenses s'envolent
La situation est d’autant plus inquiétante que les dépenses se sont envolées au cours de la période : prix de l'énergie, de l'alimentation, revalorisations salariales, etc. Par exemple, les dépenses de personnel ont augmenté de 6 %, tandis que les dépenses générales et hôtelières (énergie, alimentation…) ont connu une hausse importante (entre 7 à 9 %).
Si la garantie de financement a joué un rôle d’amortisseur en 2022, « elle n’inclut qu’un effet prix/tarifs, mais pas l’effet volume », rappelle Cécile Chevance. Conséquence directe : on se retrouve avec un « risque de sous-exécution du secteur public, et donc un risque de sous-financement des mesures RH ». Selon la responsable du pôle offres de la FHF, les établissements publics sont condamnés à « une double peine » car ils ont dans le même temps « assuré l’essentiel des prises en charge de crise ».
Selon les calculs de la FHF, la dégradation de la situation financière des hôpitaux publics devrait déboucher sur un déficit important : entre 1 et 1,3 milliard d’euros, ce qui pourrait correspondre à un doublement du déficit structurel d’avant crise (entre 550 et 650 millions d'euros). D’où l’importance, selon la fédération, de récupérer les 100 à 200 millions d'euros de crédits non utilisés l'an dernier. La situation risque d’ailleurs de se reproduire en 2023, avec une explosion des coûts de l'énergie de 130 % en moyenne pour les hôpitaux publics et des « difficultés en termes de recettes », prévient Cécile Chevance.
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