Six mois après leur première rencontre, la direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère) et l’association Donner des elles à la santé ont signé, le 10 novembre, une convention pour promouvoir et favoriser l’égalité femmes-hommes dans la santé. « Notre collaboration est déjà fructueuse, même si je suis consciente du chemin qui reste à parcourir », a lancé Marie Daudé, la directrice générale de la DGOS. Et de reprendre les mots de l'ancien ministre de la Santé François Braun, lors du premier colloque de l’association, en novembre 2022 : « Faire bouger les lignes pour faire évoluer notre système de santé, cela passe notamment par le fait d’avoir plus de femmes à des postes de responsabilité ».
Si le vivier féminin est important parmi les médecins hospitaliers (55 % des postes), « le plafond de verre reste une réalité », rappelle Marie Daudé, qui cite des chiffres éloquents : 24 % de femmes parmi les PU-PH, 25 % parmi les doyens de médecine et à peine 10 % parmi les présidents de commission médicale d'établissement (CME) de CHU, soit 3 pour 30.
Du côté des directeurs, on ne peut pas non plus crier victoire car la profession « compte 51 % de femmes, mais seulement 26 % parmi les chefs d’établissement et seulement 21 % parmi les chefs des plus gros centres hospitaliers », déplore la DGOS.
Syndrome de l'imposteur
Selon le dernier baromètre annuel de Donner des elles à la santé, 87 % des femmes médecins affirment s’être senties discriminées dans leur carrière, tandis que 58 % confirment que maternité et vie de famille sont des freins pour postuler à des postes à responsabilité. Pour lutter contre ce plafond de verre, « le premier levier reste le combat contre l’autocensure », estime la Dr Marie-France Olieric, présidente de l’association, qui accompagne une soixantaine d’hôpitaux dans leurs démarches. Selon la gynécologue-obstétricienne du CHR de Metz-Thionville, également présidente de la CME, de nombreuses femmes « souffrent du syndrome de l’imposteur ». « On peut toujours dire "les hommes ne laissent pas la place aux femmes" mais il faut aussi que les femmes pensent qu’elles méritent cette place », plaide celle qui milite aussi pour le mentorat, « encore trop peu utilisé à l'hôpital ».
La gynécologue compte aussi sur les récentes avancées réglementaires pour combattre les inégalités de genre. Sur ce point-là, l'adoption en juillet de la proposition de loi visant à renforcer l'accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique va dans le bon sens. À titre d’exemple, la loi relève de 40 à 50 % le taux minimal de personnes de chaque sexe pour les primo-nominations sur les emplois supérieurs de direction, dans la fonction publique hospitalière, à partir du 1er janvier 2026. Cela vaudra également pour les chefs de service et de pôle, se réjouit la Dr Olieric, qui estime néanmoins qu’il reste « beaucoup de travail, car on ne va pas pouvoir bouger les lignes en six mois ».
Un avis partagé par Marie Daudé, qui a fixé deux chantiers prioritaires. Tout d’abord, l’application de la loi pour obtenir des résultats en matière d’égalité salariale et de nomination. « Il va falloir suivre ces résultats, voir s’il y a une progression, ce qui nous encouragera », ambitionne la directrice générale. Autre chantier primordial à ses yeux : les violences sexistes et sexuelles (VSS). Sur ce point, il faut non seulement libérer la parole, mais une fois encore, « la faire suivre de résultats », considère Marie Daudé, persuadée que « la lutte contre les VSS est un facteur d’attractivité ».
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