« Nous avons dépassé le stade du cri d’alarme, alerte la Pr Nathalie Salles, gériatre et présidente de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG) dans un communiqué. Nous ne sommes plus au bord du gouffre, nous sommes dans le gouffre ». La société savante a publié hier jeudi les résultats d’une enquête sur les fermetures de lits gériatriques auprès de 792 services dans 72 départements. Il en ressort qu'en janvier, 34,7 % des unités gériatriques étaient touchées par des fermetures de lits.
Et en moyenne, 25,7 % des lits étaient fermés dans ces unités. Un problème qui concerne chaque niveau de la filière gériatrique hospitalière : les SSR (les plus touchés), les activités programmées ambulatoires (hôpital de semaine, hôpital de jour) mais aussi les activités gériatriques non programmées (unités de médecine gériatrique aiguë, ou de post-urgence) ainsi les structures d'hébergement (USLD, Ehpad).
Ces fermetures de lits sont évidemment provoquées par le manque d'effectifs infirmiers, médicaux et aides-soignants, de jour comme de nuit, explique le Pr Cédric Annweiler, coordinateur de l’enquête. Selon le gériatre du CHU d’Angers également cité dans le communiqué, « c’est une situation que nous aurions pu anticiper il y a plusieurs années. Ce n’est pas faute d’avoir tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme ».
Pour la SFGG, cet état des lieux inquiétant souligne la nécessité de « penser parcours et filières de soins », mais aussi de « calculer les effectifs en fonction de la charge en soins » qui est particulièrement lourde en gériatrie (patients fragiles, polypathologies, etc.). Seule « une offre de soins adaptée » permettrait d’assurer aux personnes âgées « un parcours sans perte de chance », de « réduire le risque d’installation ou d’aggravation d’une dépendance », plaide la Pr Salles.
Restaurer l'attractivité
Il est également plus que temps de « respecter les ratios soignants/soignés efficients, tel que proposé dans la circulaire du 28 mars 2007 relative à la filière de soins gériatriques », demande la SFGG qui estime que celle-ci devrait être opposable. « Refuser de parler de ratio revient à nier les besoins réels du patient hospitalisé et la globalité de l’aide à apporter », abonde la Pr Salles qui évoque notamment le soutien psychologique et la prise en charge de la dépendance.
Il sera également essentiel d’améliorer l'attractivité des métiers du grand âge à l'hôpital pour favoriser la réouverture des lits, exige la SFGG. Celle-ci demande notamment une meilleure valorisation financière (prime grand âge pour les infirmiers, valorisation des salaires de nuit), le déploiement de nouveaux diplômes (dont la reconnaissance des IPA grand âge) ou la reconnaissance de la complexité et la dureté du travail.
Il ne s’agit pas d’« un caprice de professionnels, mais de mesures nécessaires pour préserver un soin décent pour nos aînés », exhorte la Pr Salles.
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