À l’heure où le Sénat examine le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2024), la fédération de l'hospitalisation privée sonne une nouvelle fois le tocsin : pour compenser l'inflation, l'ondam hospitalier (objectif de dépenses maladie) pour 2024 est absolument insuffisant. Manque à l'équation 1,5 milliard d'euros, dont 400 millions d'euros pour le privé lucratif. Sans une aide conséquente du gouvernement dans les semaines qui viennent, « plus de 50 % des cliniques seront déficitaires en 2023 », avec une perte cumulée qui devrait atteindre un milliard d'euros, avertit ce 14 novembre le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), Lamine Gharbi. En 2022, 30 % des structures privées à but lucratif étaient déficitaires.
La FHP a fait ses comptes. Ce 1,5 milliard d'euros ne représente que 0,59 % du montant total de l’Ondam total fixé pour 2024 (près de 255 milliards d'euros, dépenses de ville comprises). Les octroyer aux établissements de santé permettrait de « maintenir à flot une offre de soins de qualité pour tous les Français ».
Inquiet, Lamine Gharbi maintient la pression sur le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, qui a reconnu fin septembre devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée qu'il y avait un « sujet inflation » et a annoncé sa volonté d'« appuyer les établissements pour ne pas les faire basculer dans le rouge ».
Le PLFSS, dernière chance
« Sauf que je veux plus qu’un engagement, je veux des faits, un montant et un calendrier, ce que je n’ai pas », a lancé Lamine Gharbi. Et d’ajouter qu’il préférerait « une circulaire à un engagement ». « Il faut vraiment que cette somme soit inscrite dans le PLFSS 2024 », exige le patron de la FHP qui trouve la situation « terriblement anxiogène ». « Nous ne pourrons pas continuer à assurer la continuité des soins », met en garde Lamine Gharbi.
Si ce tableau noir venait à se dessiner, il y aurait « très rapidement des arrêts d’activité dans les services d’urgences, en obstétrique ou en soins médicaux et de réadaptation, voire en psychiatrie », poursuit le président de la FHP. D’autre part, les investissements seraient revus à la baisse.
Enfin, le secteur privé lucratif reste exclu de la revalorisation des sujétions (travail de nuit, week-end et jours fériés) annoncée fin août par la Première ministre, enrage la FHP. Une mesure étendue au privé non lucratif et aux centres de lutte contre le cancer. « Je ne vois pas pourquoi nos personnels en seraient exclus, ils font le même travail que ceux du public », conclut Lamine Gharbi, avant de rappeler que la dernière personne à l'avoir confirmé est Aurélien Rousseau lui-même, lors des dernières rencontres annuelles de la FHP.
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