L'intersyndicale Action praticiens hôpital (APH) et le syndicat Jeunes Médecins dénoncent ce mercredi 28 octobre la « publication en catimini » par le gouvernement d'un texte relatif à la prime d'engagement de carrière hospitalière (PECH).
Le 23 octobre, le ministère de la Santé a fait paraître au « Journal officiel » un arrêté reconduisant en l'état les modalités d'accès à la PECH pour les médecins de l'hôpital public. Celle-ci, d'un montant allant de 10 000 à 30 000 euros brut, bénéficie aux spécialités en tension démographique (au niveau local et national) et en manque de médecins. L'anesthésie-réanimation et la radiologie sont les deux seules spécialités identifiées depuis un arrêté du 14 mars 2017 et dont le renouvellement devait intervenir depuis le 14 mars 2020.
Choc d'attractivité
Mais la simple reconduction à l'identique du texte pour une durée de trois ans passe mal auprès des organisations de PH. Celles-ci réclament en effet l'élargissement des spécialités éligibles à la PECH. « Le nombre de spécialités en tension a augmenté drastiquement en trois ans, écrivent-ils, il est urgent de pouvoir recruter de manière pérenne, c’est-à-dire statutaire, des médecins dans toutes les disciplines. »
Si l'urgence et la biologie médicale sont souvent évoquées, elles ne sont pas les seules spécialités visées par les syndicats. « Il n'y a qu'à regarder le nombre de postes vacants à l'hôpital pour se rendre compte de la nécessité d'ouvrir très largement cette prime », explique le Dr Jean-François Cibien, président d'APH, qui appelle de ses vœux un « choc d'attractivité ». « Sinon il ne faudra pas s'étonner du recours massif à l'intérim », présage l'urgentiste du centre hospitalier d'Agen. Pour couronner le tout, la promesse d'Agnès Buzyn d'augmenter de 50 % le montant de cette prime n'a, à ce jour, toujours pas été accomplie.
Contournement du droit syndical
La méthode adoptée par le gouvernement a également déplu. La publication de l'arrêté s'est faite « sans prendre le temps, comme cela avait été le cas en 2017, d'une concertation avec les organisations syndicales », regrettent les deux structures à l'origine du communiqué. Le Conseil supérieur des personnels médicaux, odontologistes et pharmaceutiques (CSPM) notamment n'a pas été consulté avant la parution de l'arrêté. Or, ce nouvel organe représentatif né en juillet 2019 a pour mission d'examiner tous les textes législatifs relatifs au statut ou à l'exercice médical hospitalier.
Lors de sa dernière réunion le 9 octobre, « la PECH ne figurait pas à l'ordre du jour », explique Carole Poupon, vice-présidente d'APH. La pharmacienne s'offusque d'un « contournement du droit syndical ». APH et Jeunes Médecins se réservent « la possibilité de faire valoir la défense des droits des praticiens hospitaliers devant les tribunaux compétents » si une concertation sur la PECH n'est pas bientôt organisée.
Investissement en santé : malgré l’urgence, pourquoi ça coince encore
Suicides de soignants à l’hôpital : Vautrin, Borne et Neuder visés par une plainte, ainsi que l’AP-HP
Opacité tarifaire, pratiques commerciales trompeuses… Les cliniques rappelées à l’ordre par Bercy
Vers un moratoire sur les fermetures des maternités ? Les obstétriciens du Syngof disent non