Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a recueilli ce vendredi les témoignages des soignants de la Pitié Salpêtrière (AP-HP, Paris), journée de grève interprofessionnelle, pour réclamer des mesures en faveur du pouvoir d’achat, une augmentation des salaires et « financer nos services publics pour garantir le droit à la vie ».
« On culpabilise nos soignants »
« On méprise nos soignants et on les culpabilise sans leur donner la possibilité de leur laisser prendre des vacances, sans week-end et en les pressurisant pour faire des heures supplémentaires en permanence et en sacrifiant leur vie personnelle et leur vie de famille », a-t-elle lancé. En témoignent le turnover des infirmières (30 % d'entre elles partent après trois ans d'activité) et le taux d'absence (deux personnels dans chaque service en moyenne).
Et Sophie Binet de dénoncer l'« inaction des politiques », malgré les leçons de la crise sanitaire. En dépit de ces promesses, les restructurations et les fermetures de lits ont continué, regrette-t-elle, même si l'AP-HP revendique de son côté une amélioration avec des recrutements d'infirmiers qui permettront d'ouvrir 400 lits d'ici à fin 2023.
Parcoursup versus numerus clausus
Autre obstacle, « il n'y a plus de numerus clausus officiellement, mais il a seulement changé de nom, Parcoursup ! » La situation des ressources humaines serait « gravissime », alerte encore la syndicaliste, regrettant les retards de prise en charge, voire les pertes de chance.
La CGT appelle de ses vœux un plan d'urgence de cinq milliards d'euros, la suppression de la dette des hôpitaux et la fin de la tarification à l'activité (T2A). Autre solution : instaurer un prérecrutement de soignants avec financement de leurs années d'études pour leur permettre de se projeter dans la durée. Il faut « arrêter de jeter de l'argent par les fenêtres dans les structures lucratives, car la déchéance de l'hôpital public crée un boulevard pour spéculer », analyse Sophie Binet.
Comment trouver des financements ? Simplement « en allant piocher dans la poche des milliardaires », avance la syndicaliste. La CGT, qui fait partie du comité d'organisation des Jeux Olympiques, alerte aussi sur le fait qu'aucun plan massif de recrutement n'est prévu pour pallier le manque de personnels alors que l'Hexagone devra accueillir des millions de gens pendant cette période.
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