Leur avenir était menacé, elles sont désormais fixées. Les deux maternités de Thann et Altkirch, situées dans le Haut-Rhin, arrêteront de pratiquer les accouchements à partir du 4 novembre prochain. C'est l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est qui l'a annoncé dans un communiqué en date du 15 juillet. « Le manque de ressources médicales et les enjeux de qualité et de sécurité des soins justifient cette transformation », argumente-t-elle.
Les autorités sanitaires pointent le « nombre insuffisant de pédiatres, d'anesthésistes et de gynécologues-obstétriciens titulaires » pour assurer la bonne sécurité des soins administrés aux patientes. En outre, « les deux maternités enregistrent une baisse constante des accouchements depuis plusieurs années les rapprochant du seuil critique des 300 accouchements », écrit l'ARS.
Pour accoucher, les mamans de la région devront alors s'orienter vers l'hôpital Femme-Mère-Enfant de Mulhouse, situé à une vingtaine de kilomètres des deux villes. Dans son communiqué, l'ARS précise toutefois que les parturientes garderont « la liberté d'opter pour tout autre établissement de leur choix offrant les mêmes garanties de sécurité ». À la place des deux maternités, l'ARS promet l'ouverture de centres périnataux de proximité (CPP) dans lesquels les futures mamans pourront être suivies tout au long de leur grossesse. Seul l'acte d'accouchement sera réalisé ailleurs.
Côté transports, l'ARS assure travailler au « renforcement des transports sanitaires afin de permettre le transport des femmes enceintes en cas d’urgence ». En « situation d'urgence absolue », un équipage de SMUR renforcé d'une sage-femme pourra se rendre auprès de la patiente. Par ailleurs, un hôtel hospitalier devra ouvrir à proximité de la maternité de Mulhouse pour accueillir les parturientes quelques jours avant leur accouchement.
Variable d'ajustement
Dans la région, l'information était dans les tuyaux depuis le mois d'octobre après la publication d'un article dans un journal local. Depuis, les habitants de la vallée de la Thur, à l'ouest de Thann, étaient restés mobilisés. « C'est horrible, on est abasourdis et en colère », réagit à chaud Jeanne Stoltz-Nawrot, maire de la commune d'Husseren-Wesserling, située à 40 kilomètres et 30 minutes en voiture de Mulhouse. La présidente de l’association pour la Renaissance des services hospitaliers thannois (REST) peste contre une « ARS totalement hermétique » malgré les neuf mois de combat qu'elle a mené pour préserver ce service public après la fermeture en 2014 du service des urgences du même hôpital. « Les territoires ruraux sont toujours la variable d'ajustement des politiques nationales », se désole l'édile.
Le flou persiste pour les professionnels qui exercent actuellement dans les deux établissements. Yael Careme, sage-femme à Thann, ignore encore tout de sa prochaine destination. « On ne sait même pas si le centre périnatal va ouvrir directement après la fermeture de la maternité ou si nous allons devoir aller travailler à Mulhouse », explique-t-elle au « Quotidien ».
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