Pour de multiples raisons, intrinsèques ou modifiables (âge, dépendance, démence, traitements, alcool, tabac…), le senior est à haut risque de pathologies bucco-dentaires (parodontite, caries, candidoses, cancers buccaux…) pouvant altérer l’état général.
Traitements et comorbidités sont source de pathologies endobuccales : immunodépression, traumatismes buccaux par prothèse dentaire, cancers ORL, irradiation, corticoïdes inhalés, antibiothérapie à large spectre favorisent les candidoses buccales ; l’hyposialie génère des caries qu’elle soit iatrogène (d’origine médicamenteuse ou radiothérapique) ou liée aux comorbidités (diabète, insuffisance rénale, maladie d’Alzheimer, infection VIH, pathologies auto-immunes…).
À l’opposé, l’impact possible de l’édentement ou des pathologies dentaires sur la santé ne se limite pas à la dénutrition, l’obésité (ne plus avoir de molaires favorise l’alimentation molle et sucrée) ou l’endocardite bactérienne. La parodontite est sur la sellette. Elle gêne l’équilibration du diabète. Une étude a montré que traiter une parodontite chronique améliore le contrôle glycémique dans le diabète de type 2 (1). Et la recherche s’intéresse à P. Gingivalis, bactérie des parodontites. Elle pourrait provoquer une neuro-inflammation, possible médiateur de la mort neuronale dans la maladie d’Alzheimer.
Suivi régulier
D’où l’importance d’examiner régulièrement la bouche des patients. « En consultation, le médecin se fait facilement une idée de l’état bucco-dentaire avec un abaisse-langue. Si l’hygiène semble défectueuse (tartre, caries, dents déchaussées gencives), rappeler les règles simples (se brosser les dents après les repas, changer sa brosse à dents régulièrement, utiliser des brossettes interdentaires). Encourager le patient à consulter le dentiste tous les ans plus souvent (3 à 6 mois) si hyposialie, et dans ce cas, prescrire des substituts salivaires », préconise le Dr Dada. Cette consultation d’odontologie permet le détartrage, mais aussi un examen approfondi. « Il nous arrive malheureusement de dépister un cancer de la cavité buccale », indique le spécialiste. Un suivi régulier permet de planifier les traitements (au mieux quand le patient est en bonne santé et peut se déplacer). Anticiper rend possibles des soins conservateurs. « Lorsqu’un patient nous est adressé pour bilan dentaire avant une chimiothérapie, une mise sous bisphosphonates, une radiothérapie des voies aérodigestives supérieures, une chirurgie pour pose de prothèse (valvulaire, de hanche, etc.), la découverte de foyers infectieux dentaires aboutit à des soins dentaires invasifs non satisfaisants (extractions de dents qui pourraient être sauvées, mais il n’y a pas le temps de laisser cicatriser un traitement conservateur). L’absence de suivi régulier est ainsi un facteur d’édentement évitable », souligne le Dr Dada.
Le vieillissement, la baisse de l’acuité visuelle, les difficultés à se mouvoir ne facilitent pas un brossage efficace des dents. L’édentement se traite, par appareil amovible (à entretenir, risques de perte) ou prothèse amovible ou fixe sur implant (confort phonétique, masticatoire et esthétique); et se prévient.
(1) D’Aiuto F. et al. ; Lancet Diabetes Endocrinol 2018 ; 6:954-65.
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