Plusieurs syndicats d'internes dénoncent le non-respect du repos de sécurité après une garde de nuit et appellent les pouvoirs publics à réagir. Le syndicat des internes des hôpitaux de Marseille (SAIHM) avait le premier déploré que la réglementation en vigueur soit bafouée. Dimanche 24 avril, l'Intersyndicat national des internes (ISNI), les internes parisiens (SIHP) et de Saint-Etienne (SSIPI-MG et AISE) ont à leur tour exigé la stricte application de loi (11 heures de repos après une plage de 48 heures de travail).
Cette revendication commune intervient quelques jours après la publication sur notre site de la lettre de la mère de Maxime, un interne de Marseille de 27 ans qui s'est donné la mort mi-février. Sa famille et sa plus proche amie ont souhaité alerter le public et les autorités médicales sur les conditions de travail des internes dans les établissements hospitaliers afin d'éviter qu'un autre drame ne survienne.
À ce jour, les syndicats des internes n'ont aucun élément qui permettrait d'établir un lien de causalité entre le suicide de cet interne et son activité professionnelle. Les conclusions de l'enquête menée par l'Assistance publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM) n'ont pas été rendues publiques. Toutefois, pour la mère de Maxime qui en a pris connaissance, le lien entre le suicide de son fils et sa vie professionnelle ne fait aucun doute.
Impact sur la sécurité et qualité des soins
Un an après l'entrée en vigueur du décret sur le temps de travail des internes, le premier bilan est en demi-teinte. « Les hôpitaux ont loin d'avoir 20 sur 20, ne serait-ce que sur la question du repos de sécurité », indique le SIHP. En 2013, une enquête menée en Ile-de-France montrait « que 21 % des internes ne bénéficiaient pas de leur repos de sécurité ».
« Outre le fait d'engendrer une précarisation importante de la profession médicale, il est clairement démontré aujourd'hui que le non-respect du repos de sécurité après une garde menace la vie à la fois du soignant et du soigné », dénonce l'ISNI. Dans une enquête de 2012 sur les gardes, astreintes et temps de travail, 15 % des internes interrogés déclaraient avoir commis des erreurs médicales de prescriptions, de diagnostics ou d'actes opératoires en lendemain de garde, rappelle le syndicat.
Baptiste Boukebous, président de l'ISNI, indique qu'un questionnaire national a été lancé sur les conditions de travail des internes. Plus de 1 500 réponses ont déjà été recueillies en une semaine. « L'ISNI soutiendra pleinement l'ensemble des initiatives locales visant à éliminer de manière ferme et définitive les honteuses entorses à la réglementation », souligne-t-il. Elles comprendront la mise en demeure des établissements fautifs, la plainte pénale par saisine du procureur de la République et les recours auprès des tribunaux administratifs.
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique