En juillet 2022, l’activité dans les services d’urgence a bondi de 12,3 % par rapport au même mois, l’année passée. Soit « 180 000 passages en plus », déplore Samu-Urgences de France, qui dévoile le 3 août, une enquête sur la situation des urgences au cœur de l’été. L’ancienne chapelle de François Braun a diffusé un formulaire en ligne auprès de 331 établissements et 92 départements, avec pour objectif d’évaluer l’impact sur le terrain de la mise en œuvre de la mission flash.
Et le résultat est sans appel : les 41 recommandations du ministre de la Santé sont « insuffisantes » et ne permettent pas « d’assurer une fluidité et un fonctionnement sécuritaire dans les services d’urgence », tonne Samu-Urgences de France (SUdF).
42 services fermés la nuit
En juillet, sur les 331 services d’urgence interrogés, 88 (26 %) ont mis en place une restriction d’accès, dont 67 avec une régulation médicale systématique par le Samu-Centre 15 pour autoriser l’accès aux urgences, suivant l’une des recommandations du Dr Braun. 42 services ont même été contraints de fermer la nuit, 23 de fermer totalement… Pour un nombre cumulé de 546 nuits et 208 jours en juillet.
Dans certains départements, la situation est excessivement tendue, rapporte SUdF. L’Aude, le Vaucluse, la Haute-Loire ont fait face à une augmentation de 30 à 39 % de l’activité de leurs urgences. Même constat critique en Corse, dans le Var, l’Indre, la Somme, les Côtes d’Armor, les Ardennes, le Cantal, l’Ardèche ou la Haute-Savoie, avec une hausse de l’activité de 20 à 29 %.
« Les services d’urgence sont en très grande fragilité », alerte l’organisation, qui s’attend à une aggravation au mois d’août, « avec une augmentation des fermetures institutionnelles de lits et une diminution de la disponibilité de l’offre soignante libérale liée aux congés ». Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre, 73 % des établissements ont d'ailleurs eu recours à des solutions d’intérim durant cet été.
+ 21% d'appels au Samu
À l’inverse, la suractivité des urgences n'est que « de 10 % dans les départements où une régulation médicale préalable à l’accès au SU a été mise en place », note le SUdF. Près de la moitié des départements ont, en effet, mis en œuvre une régulation médicale systématique par le Samu-Centre 15.
En toute logique, la régulation recommandée par le rapport Braun a fait bondir les appels au 15. Le SUdF constate une augmentation de 21 % des activités du Samu-Centre 15, par rapport à juillet 2021, avec des pics à plus de 50 % dans certains départements comme l’Ardèche, la Dordogne, le Tarn-et-Garonne ou l’Yonne. Les centres sont désormais débordés, et 83 % d’entre eux rapportent « une situation insécuritaire », liée au manque de bras.
Même sombre constat du côté du Smur, où l’enquête de SUdF rapporte 75 Smur obligés de fermer des lignes, 18 fermetures totales.
Les Samu dans l'impasse
La situation est d’autant plus critique, que les centres 15 - largement sollicités - peinent à réorienter correctement les patients en ville. « Les Samu font face à une surtension consécutive à la campagne d’information "faites le 15", à la conjoncture sanitaire et à une insuffisance de ressources libérales disponibles pour assurer les soins non programmés », regrette SUdF, qui note que certains Samu « se retrouvent dans une impasse lorsqu’ils doivent réorienter certaines demandes de soins, sans avoir aucune alternative ».
Délais de gestions d’appels allongés, risques médico-légaux pour les professionnels : SUdF demande désormais un coup de main à la ville. L’organisation réclame au gouvernement de « prendre toutes les mesures nécessaires pour augmenter le nombre de points d'accueil de soins non programmés mis à disposition des centres 15 », que ce soit par l'ouverture de maisons médicales de gardes hors PDSA ou davantage de créneaux non programmés chez les généralistes, par exemple.
Situation explosive
Face à une situation au bord de la rupture, SUdF exige « du secteur privé de participer à l’aval des urgences » mais aussi « une réelle politique de mise à disposition des lits d'aval ». Faute de quoi, l'organisation appelle carrément les établissements à déprogrammer, « afin de permettre de récupérer du capacitaire ».
Si rien n’est fait - et « sans mesures contraignantes » - SUdF s’attend « à l’évolution rapide vers une situation explosive, qui aura comme première conséquence de nouveaux départs de personnels médicaux ou paramédicaux fuyant cette maltraitance institutionnelle ».
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