Le CHU de Reims a acquis en septembre une structure de soins d'un genre nouveau : une unité sanitaire mobile (USM) aux allures de camion-hôpital. De 20 mètres de long par 12 mètres de large, ce petit hôpital mobile a vocation à intervenir dans les situations sanitaires exceptionnelles ou à compléter le capacitaire d’un établissement en tension. Chef du Samu 51, le Dr Frédéric Fischbach revient sur les spécificités de cet outil.
LE QUOTIDIEN : Quelle est la genèse du projet ?
DR FRÉDÉRIC FISCHBACH : Le projet remonte à la crise du Covid. Les ingénieurs de Cegelec Défense ont réfléchi à des outils pour venir en aide aux hospitaliers durant la pandémie. Ils ont développé en 2020 un prototype qu’ils ont proposé au CHU de Toulouse. Cela ressemble à un gros container que l’on peut voir sur les camions ou les bateaux. On utilise une grue pour le déposer au sol. Puis on installe des rails de guidage à la perpendiculaire du container avant de le déplier comme on déplie des tables gigognes.
Le CHU de Toulouse s’en est servi pour mettre en place un centre de vaccination mobile pendant deux à trois mois dans le sud-ouest de la France et le nord-est de l’Espagne. Chaque matin, le camion arrivait dans un nouveau village pour réaliser les vaccinations. L’ancien président du conseil régional du Grand Est et urgentiste, Jean Rottner, s’est inspiré de ce prototype pour faire construire les trois premières unités mobiles du même genre à Reims, Nancy et Strasbourg. Ce dispositif à 2,2 millions d’euros a été financé par un fonds européen et par la région.
Quelle est la vocation de ce dispositif ?
Le dispositif est avant tout prévu pour faire face à des situations de crise : accidents, immeubles qui s’effondrent, attentats, etc. Mais on peut aussi intervenir quand un établissement est en difficulté en déployant le camion-hôpital à côté et en ouvrant ainsi des lits supplémentaires. Imaginons que l’unité d'hospitalisation de très courte durée d’un hôpital prenne feu. On pourrait tout à fait « reloger » dix patients en urgence dans ce camping-car géant. On peut aussi intervenir sur des événements exceptionnels comme des teknivals ou les Jeux olympiques.
Comment est équipé le camion-hôpital ?
Il s’agit d’un bloc de soins de 70 m2 équipé de 10 cellules, de 10 respirateurs, 10 scopes, 40 seringues électriques, de médicaments, etc. Au total, on peut accueillir jusqu'à 10 patients en simultané.
Le camion-hôpital est complètement autonome, complètement mobile. En 45 minutes, il est monté ! On peut donc le déployer rapidement où on le désire. C’est un peu comme un hôpital de campagne que l’on peut déplacer. Cela permet d’avoir une structure de type poste médical avancé en dur qui est éclairée, chauffée, climatisée, avec un précâblage informatique. Rien à voir avec les tentes militaires que l’on installe sur les événements. On va pouvoir faire véritablement de la médecine d’urgence, et pas uniquement du premier secours.
Le dispositif a-t-il attiré l’attention du ministère ?
Quand François Braun était ministre de la Santé, il avait émis le souhait que tous les CHU soient équipés d’une telle unité de soins mobile, ce qui n’est pas forcément une mauvaise idée. Je ne sais pas si les priorités sont toujours les mêmes depuis l’arrivée d’Aurélien Rousseau. Par contre, je sais que l’hôpital de Créteil en a commandé un dans l’optique des JO. Cegelec a aussi beaucoup de commandes des pays du Golfe qui vont sans doute l’utiliser dans le cadre de secours d’urgence ou pour encadrer des événements sportifs ou culturels.
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