LES PILOTES étaient chevronnés, le trajet connu. Serait-ce la tempête ? Une erreur de pilotage ? Une panne technique ? Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l’accident survenu dans la nuit de samedi à dimanche, qui a conduit un hélicoptère à s’écraser contre la montagne corse, entraînant la mort des cinq personnes à bord. L’appareil transportait une mère qui a accouché en vol.
Au surlendemain du drame, c’est encore l’incompréhension à Bastia. Le Dr André de Caffarelli travaille au SAMU-2B, il revient sur les faits : « Une femme primipare sur le point d’accoucher a appelé le 15 et a été régulée par le SAMU, qui a considéré qu’elle pouvait venir par la route jusqu’à l’hôpital de Bastia. Prise de douleurs, elle s’est arrêtée en route. Nouvel appel au SAMU, qui a détourné un hélicoptère pas loin de là. Le médecin l’a examinée, et a jugé faisable le transport en hélico. Une décision pleinement justifiée. Ensuite, on ne sait pas ce qui s’est passé ».
Le SAMU de Haute-Corse a réalisé 3 500 interventions en 2008, dont 750 - 20 % de son activité - en hélicoptère, le plus souvent pour des infarctus, des douleurs thoraciques, des accidents routiers, et pour des noyades durant l’été. Autant dire que les deux hélicoptères corses, l’un basé au Nord, l’autre au Sud, et qui, tous deux, appartiennent à la sécurité civile, sortent souvent. Les accidents mortels sont rarissimes. « Les deux derniers accidents mortels ont eu lieu en 2003 et 2006 du côté de Pau », se souvient ce jeune pilote, depuis quatre ans en poste à la base de sécurité civile de Bastia. À ce stade, difficile pour ses collègues et lui-même de s’expliquer le drame de ce week end. « La machine est très bien équipée, reprend le pilote, elle dispose d’un GPS qui permet de savoir où on est en temps réel, même par mauvais temps. À bord, il y a toujours trois personnes : un pilote, un copilote, et un médecin, installé à demeure sur notre base. Nous avons l’habitude de travailler avec le SAMU corse. L’hélico rayonne sur la moitié de l’île en quinze minutes ; en voiture, c’est beaucoup plus long ».
L’hélicoptère de remplacement, arrivé lundi après-midi à Bastia, repartira dès qu’il sera équipé. En attendant, celui basé en Corse-du-Sud peut prendre la relève si besoin. Le Dr André de Caffarelli, du SAMU de Bastia, se tient prêt. « Certains ont un peu peur de remonter à bord. Nous sommes bouleversés par ce qui est arrivé, mais cela va passer, dit-il . Nous sommes conscients du risque, que nous acceptons. Il n’est pas facile d’aller vite sur les routes corses compte tenu du relief : ici, l’hélicoptère est un vecteur indispensable pour les secours à la personne ».
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