L’EPRUS est le 2e gestionnaire de stocks de médicaments de l’État, après l’armée. Mais c’est aussi une réserve sanitaire qui a déjà fait ses preuves lors de missions ponctuelles en Côte d’Ivoire, au Japon, en Haïti, à Gaza, ou encore en Thaïlande. Elle a désormais vocation à s’étoffer pour répondre aux crises sanitaires ou aux catastrophes, sur le territoire national comme à l’étranger. Partie de rien, elle recense aujourd’hui plus de 500 professionnels de santé et attend la régularisation de 2 200 dossiers de candidats inscrits suite à la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1). « Nous voulons concrétiser ce projet. Nous avons dépassé les objectifs d’origine qui étaient de 1 500 réservistes, et nous souhaitons aujourd’hui recruter le plus grand nombre de professionnels possible », a expliqué le préfet Thierry Coudert, directeur général de l’EPRUS, en marge du congrès Urgences 2011 (organisé par la Société française de médecine d’urgence).
Et le dispositif législatif s’adapte en conséquence. Un article de la proposition de loi Fourcade supprimera bientôt la distinction entre réserve de renfort et réserve d’intervention. Une récente mesure permet aux médecins à la retraite depuis 5 ans d’être éligible, tandis que le délai initial n’était que de 3 ans. Et les dossiers de candidature ont été simplifiés.
Désormais, ce sont donc tous les professionnels de santé qui peuvent se porter volontaires pour intégrer la réserve, des étudiants en fin de cycle, aux retraités, en passant par les médecins en activité. « Nous cherchons à recruter tous les profils, tous les parcours, et toutes les spécialités », souligne Thierry Coudert. « Et ce sur tout le territoire », précise-t-il. Il prend lui-même son bâton de pèlerin pour sillonner les grandes villes de France et rencontrer les préfets de régions, les directeurs des agences régionales de santé – qui auront chacune bientôt un référent EPRUS à leur disposition – et les responsables des Ordres de santé locaux. « Ces derniers sont des éléments stratégiques car ils peuvent informer les professionnels qui partent en retraite et leur dire que l’EPRUS les attend ! »
Avantages.
L’EPRUS fait tout pour rendre le statut de réserviste attrayant. « Pour les médecins à la retraite, c’est un moyen de garder la main et, grâce aux formations proposées, de rester dans le coup », avance Thierry Coudert. Les réservistes sont liés par un contrat de 3 ans avec l’EPRUS, mais également par une convention tripartite avec leur employeur. « Pas question de semer la panique dans les services ! » La règle d’or est en effet, outre le volontariat, la logique de soins opposés : les professionnels de santé réservistes n’ont pas l’obligation de partir en mission, et, à la différence des militaires, ils ne doivent pas de temps à l’EPRUS.
En échange, ils bénéficient d’une reconnaissance institutionnelle et d’une protection juridique et économique, qui assure le maintien de la rémunération pour les salariés, une indemnisation pour les libéraux, et la prise en charge intégrale des frais de mission. De plus, les professionnels bénéficient de formations sur 45 jours maximum, coordonnées notamment par le Pr Bernard Nemitz, doyen honoraire de la faculté de médecine d’Amiens. Les programmes seront élaborés au cours de l’été pour être mis en œuvre l’automne prochain. « Nous ne partons pas de rien, plusieurs professionnels ont déjà suivi des enseignements sur les soins d’urgence. Nous devrons tenir compte de cette disparité et proposer différents modules selon les niveaux et les spécialités, sur la gestion des crises sanitaires et des catastrophes », précise le Pr Nemitz.
Grâce à ces évolutions, la réserve sanitaire de l’EPRUS renforce profondément ses capacités opérationnelles. « Jusqu’à présent, nous avons dû improviser des solutions précaires, voire dangereuses, pour répondre à des urgences sanitaires. L’EPRUS est un outil formidable, c’est la colonne formidable qui nous manquait et les urgentistes se félicitent de cette alliance », a conclu le Dr Marc Giroud, président de SAMU-Urgences de France.
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