« LAISSEZ-NOUS travailler ! » C’est presque une supplique que formule le Dr Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins. À l’origine de ce cri du cœur, la manière dont s’engage, sous la houlette des agences régionales de santé (les ARS, à qui la loi HPST a dévolu cette opération), la rédaction des cahiers des charges de la permanence des soins.
Du point de vue du millier de médecins de SOS – concentrés dans les centres urbains et les zones périurbaines –, l’exercice part très mal. Les solutions mises en œuvre dans les cahiers des charges s’avèrent « hétéroclites », « dispendieuses », « hospitalo-centrées », « lourdes », accuse l’association dans un communiqué. Et les choix amorcés, quand par exemple ils ne reconnaissent plus que le « 15 » comme numéro d’accès au médecin de garde et abandonnent les interconnexions existantes, sont parfois carrément hors la loi (ou hors la réglementation).
Ras-le-bol.
Ici, l’ARS décide que la PDS en ville s’arrête à minuit ; là, elle ne reconnaît plus les points fixes de consultations installés par SOS Médecins… : les bâtons dans les roues des 63 associations adhérentes se multiplient. Avec des effets jugés calamiteux sur l’accès aux soins et sur les coûts des organisations mises en place : l’approche retenue localement est « hospitalo-centrée, adossée à une régulation de plus en plus lourde et inadaptée » ; elle conduira « à une inflation du transport des patients et des passages aux urgences des CHU ». « Si passé minuit, l’envoi d’une ambulance à un malade pour qu’il soit pris en charge à l’hôpital peut se justifier dans une région rurale à faible densité de population et désertée par les médecins généralistes, cela devient beaucoup moins évident dans une ville comme Bordeaux – or l’idée est pourtant à l’étude à l’ARS d’Aquitaine – où le nombre d’actes nécessaires après minuit n’est pas négligeable et où, une fois n’est pas coutume, il y a des médecins volontaires pour assurer la garde », plaide le Dr Smadja.
Découragé, il relaie en ces termes le ras-le-bol de ses confrères : « Ce sont les rares médecins libéraux qui acceptent de travailler dans le cadre de la PDS le jour, la nuit, le week-end, les jours fériés… Et ils le font avec une grande conscience du service public qu’ils représentent. Or l’impression que nous avons aujourd’hui est celle d’un manque de reconnaissance terrible. Les médecins de SOS, qui ne réclament pas d’argent, pas de traitement de faveur, en ont assez ! »
L’association demande à la direction générale de l’offre des soins (DGOS) de rédiger une directive claire à l’attention des ARS. Elle est à ce point alarmée qu’elle s’est d’ores et déjà dotée en interne d’une « cellule de crise nationale », étudiant une possible et rapide « action d’envergure avec fermeture à date ciblée des centres d’appels médicaux (de l’association) sur l’ensemble du territoire national ». « Nos répondeurs expliqueront aux patients que l’on n’a pas besoin de nous », ironise Serge Smadja.
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