Enfant, Clément Duboucher voulait être pilote d’avion. Pas très original, serait-on tenté de dire. Aujourd’hui, il est interne en médecine nucléaire. Voilà qui est plus singulier. Et à l’entendre, sa spécialité est loin de mériter le relatif anonymat dans lequel elle est encore en partie plongée ; le jeune homme se dit même convaincu que la médecine nucléaire est en train de se tailler une place de plus en plus importante dans l’arsenal diagnostic et thérapeutique dont disposent les soignants. Et il est ravi de participer à cette aventure.
Le destin de ce Francilien aurait cependant pu être bien différent. « Quand j’ai passé l’ECN, en 2018, j’avais un classement assez correct, et j’avais un choix assez étendu en termes de villes ou de spécialité pour mon internat, se souvient-il. Je m’orientais vers la radiologie, mais à quelques semaines du choix, j’ai tout de même voulu voir ce qui existait à côté. J’ai alors réalisé qu’il y avait la médecine nucléaire, dont je n’avais jamais entendu parler… » En quelques coups de fil, Clément se renseigne, et le voilà qui bifurque vers les TEP-scans et autres scintigraphies.
« Il se trouve que je voulais une spécialité en rapport avec l’oncologie, et on m’a dit que celle-ci constituait une grande partie de l’activité de la médecine nucléaire », explique-t-il, ajoutant qu’il a été attiré par « le côté métabolique » de cette discipline. « La distribution du radiotraceur dans le corps humain est assez fascinante, avoue l’interne. C’est comme si on prenait un mouchard sur lequel on met un traceur radioactif, et cela permet de détecter des lésions cancéreuses, etc. »
Une voie peu empruntée
Reste que Clément est conscient d’avoir choisi une voie peu empruntée. « Il y a beaucoup de gens qui ne savent absolument pas ce que nous faisons, y compris parmi les médecins, sourit-il. Il y en a qui même qui pensent que nous soignons les travailleurs des centrales nucléaires. » Il faut dire, précise-t-il, que la médecine nucléaire d’aujourd’hui n’est plus celle que certaines personnes ont encore en tête. « L’essor des TEP-scans est encore assez récent, et jusqu’à une date pas si éloignée, nous avions surtout les scintigraphies », détaille-t-il.
Mais aujourd’hui, les choses sont assez différentes. « On s’est vraiment aperçu que l’imagerie métabolique avait certains avantages sur l’imagerie conventionnelle, et la spécialité connaît un regain d’énergie », se réjouit Clément. Un essor qui n’est selon lui pas en passe de s’arrêter. « Nous sommes passés des TEP-scans analogiques aux TEP-scans numériques, avec une meilleure résolution et des temps d’acquisition réduits, se réjouit-il. On parvient aujourd’hui à injecter moins de radiotraceurs, et donc moins de radioactivité pour le patient, et je pense que ces progrès vont se poursuivre. »
Mais le progrès technologique ne pourrait-il pas constituer une limite, voire une menace pour son exercice ? Clément reconnaît s’être posé la question. « Il y a eu un moment où l’on disait beaucoup que l’intelligence artificielle allait tout faire mieux que nous, et que l’imagerie médicale était en danger, se rappelle-t-il. Cela a créé un doute chez moi, mais en me renseignant, j’ai bien compris que les algorithmes étaient avant tout de l’aide diagnostique. » L’interne en a même fait son sujet de thèse. « Quand on cherche à comprendre comment les choses fonctionnent, on se rend compte qu’il est passionnant d’appliquer l’intelligence artificielle à l’imagerie, et on oublie la peur d’être remplacé », témoigne-t-il.
Direction le libéral
Résultat : aujourd’hui, après huit semestres d’internat, Clément se sent prêt pour la suite. « Je suis en train d’effectuer mon dernier semestre à Tenon, à Paris, puis je prendrai un poste d’assistant spécialiste à Avicenne, à Bobigny », détaille-t-il. Et le jeune homme a déjà une idée assez précise de ce qu’il aimerait faire par la suite. « Je voudrais plutôt exercer en libéral, explique-t-il. La carrière hospitalo-universitaire ne me tente pas du tout, et c’est un mode de vie qui me correspond mieux. »
Seul problème : les centres permettant de travailler en médecine nucléaire libérale ne sont pas si nombreux que cela. « C’est vrai que j’aurais voulu habiter en Savoie, ou encore dans le Sud-Ouest, et que l’exercice libéral n’y est pas encore assez développé », remarque-t-il. Mais cette légère ombre au tableau n’est pas de nature à doucher l’optimisme de Clément. « Je vais faire une année ou deux d’assistanat, j’essaierai de faire des remplacements, et en fonction des opportunités, je pense que je trouverai un bon point de chute », espère-t-il.
Exergue : Beaucoup ne savent pas ce que nous faisons, y compris parmi les médecins. Il y en a qui même qui pensent que nous soignons les travailleurs des centrales !
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