Un bac S, une mention très bien et un milieu social favorisé… Le profil des bacheliers intégrant une première année d’étude de santé était resté inchangé depuis des années. Mais avec la suppression du bac S, quel est désormais le profil de ces lycéens ? Lancée en 2018, la réforme du lycée est venue enterrer les trois séries générales (S, L et ES), au profit d’une nouvelle organisation basée sur des spécialités : mathématiques, physique, langue et littérature, sciences de la vie et de la Terre… Aussi, en terminale, les lycéens sont invités à choisir une doublette de spécialités. Par exemple, 20 % des futurs bacheliers ont opté en 2021 pour la doublette « maths et physique-chimie », 15 % pour celle regroupant « histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques et les sciences économiques et sociales (SES) ». Au total, 66 combinaisons sont possibles.
Pour comprendre comment ces nouvelles filières ont affecté l’avenir des lycéens, le ministère de l’Enseignement supérieur (Mesri) a étudié les vœux d’orientation des 363 000 bacheliers généraux, en 2021. Cette année encore, la licence se plaçait en tête des vœux préférés des lycéens sur Parcoursup, rassemblant 42 % des choix. Et 7 % des néobacheliers ont candidaté à un parcours d'accès spécifique à la santé (PASS) et 5 % à une licence d‘accès santé (L.AS).
Physique, chimie et SVT : la voie dorée
Sans surprise, les néobacheliers souhaitant intégrer une formation médicale restent très largement scientifiques, malgré la réforme du premier cycle des études médicales qui entendait diversifier les profils. Ainsi, plus de la moitié (55 %) des candidats à une PASS proviennent d’une seule et même combinaison : « physique-chimie et SVT ». Une doublette scientifique donc, qui apparaît comme la voie royale pour accéder aux études de médecine. En parallèle, 25 % des candidats en PASS sont issus d’une doublette « maths et physique-chimie », 13 % de « maths et SVT ».
À l’inverse, les profils plus littéraires délaissent totalement la filière médicale. Aucun lycéen, ni en « histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques et SES », ni en « humanités, littérature, philosophie et langues, littératures » n’a candidaté en 2021 à une PASS.
« Nos élèves qui souhaitent faire médecine restent très majoritairement des profils scientifiques, mais on observe clairement une diversification depuis la réforme du lycée, notamment pour ceux qui souhaitent aller en L.AS », confirme David Boudeau, président de l’Association des professeurs de biologie et de géologie. Et effectivement, les lycéens issus des sciences humaines sont davantage candidats à une L.AS qu'à une PASS. C’est le cas pour 2 % des lycéens inscrits en doublette « maths et SES », 4 % des néobacheliers issus de « SES et histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques » et 5 % des « SVT et SES ». Les filières de langues et de philosophie restent largement sous-représentées.
Les responsables de formations préfèrent eux aussi les scientifiques
Plus intéressant encore : le Mesri a cherché à comprendre les stratégies de recrutement mises en place par les responsables de formation. Pour cela, les auteurs se sont concentrés sur le profil des candidats acceptés dès le premier jour. « Dans Parcoursup, les formations établissent un classement des candidatures reçues : les candidats en début de liste sont donc ceux qui ont un profil que les formations considèrent comme le plus adapté pour réussir dans la filière », détaille l’étude.
Si les licences recrutent des bacheliers issus d’horizons variés, les PASS se cantonnent une fois de plus au choix de lycéens scientifiques. Le premier jour, 53 % des candidats sélectionnés en PASS provenaient toujours de la seule et unique doublette : « physique-chimie et SVT ». Mieux : 90 % des candidats retenus à l’issue de ce premier jour ne provenaient que de deux combinaisons différentes, sur les 66 possibles. Ce manque de diversité en PASS est comparable au niveau observé pour les écoles d’ingénieurs et les prépas scientifiques.
Le Mesri analyse pudiquement : « Des profils plus ciblés sont appelés par les formations scientifiques sélectives. » L’étude précise ainsi que, par rapport aux licences, « les deux formations préparant au concours de santé n’ont pas les mêmes stratégies de recrutement ». En 2021, les reliquats du bac S sont donc toujours bien présents pour espérer intégrer des études médicales. « Les combinaisons peuvent changer, mais on retrouve au moins une des spécialités maths, physique-chimie ou SVT chez tous les candidats appelés le premier jour », confirme le Mesri. Une fois ces profils scientifiques sélectionnés, les formations « n’ont pas besoin d’appeler des candidats avec un autre profil », justifie laconiquement les auteurs.
Avoir un bon dossier avant tout
Quelle que soit la filière, les candidats ayant obtenu une mention au bac sont toujours les plus plébiscités par les formations. Pour les lycéens qui espèrent devenir médecin, David Boudeau réitère le conseil : « Au-delà du choix de la doublette, le dénominateur commun est d’avoir un bon dossier, de bonnes notes. » Le président de l’association des professeurs de SVT conseille ainsi aux futurs bacheliers « de toujours conserver la SVT, puis de choisir les disciplines dans lesquels ils sont le plus à l’aise pour avoir une bonne moyenne générale ».
Depuis la mise en place de la réforme, le programme de terminale a d’ailleurs été adapté. « Les heures d’enseignements de SVT ont pratiquement été doublées et le programme de terminale intègre davantage de physiologie, d’immunologie de biochimie ou de biologie cellulaire », rassure David Boudeau. Des thèmes retrouvés en première année de PASS, qui peuvent susciter des vocations dès le lycée. Par ailleurs, à la demande de l’Académie de médecine, le programme de mathématiques complémentaires a été revu, pour y intégrer notamment des statistiques et des probabilités, adaptées aux cours de PASS et de L.AS.
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