Mettre en scène les consultations chez un généraliste pour sensibiliser les futurs praticiens à la relation médecin-patient, c'est l'ambition du séminaire « Médecine et cinéma » organisé à la faculté de médecine Saint-Antoine, à Paris.
Encadrés par des enseignants du séminaire, huit étudiants ont pensé, écrit et réalisé quatre petits films présentant différentes situations de consultations médicales. Ils ont dû imaginer et mettre en scène les comportements des médecins (généralistes, spécialistes, internes et externes) et ceux de leurs patients.
L'objectif était double. Permettre aux étudiants du séminaire d'effectuer un travail de réflexion sur l'empathie et la relation aux soins en se mettant, notamment, à la place des patients. Et construire des outils pédagogiques utilisables lors des enseignements à la faculté de médecine Saint-Antoine pour le plus grand nombre. « Exercer la médecine, c'est bien ; la penser, c'est mieux », note le Pr Philippe Cornet, l'un des responsables du séminaire.
L'attitude du médecin au centre de la relation
Les situations abordées étaient au nombre de quatre : un généraliste confronté à la découverte et à l'annonce d'un diabète de type I à une jeune patiente ; une femme consultant des généralistes pour une demande d'IVG ; un cancérologue et une jeune externe face à un refus de soin d'une patiente atteinte d'un cancer du sein ; un homme présentant un syndrome médicalement inexpliqué.
Elles visaient à illustrer comment l'attitude adoptée par le médecin lors d'une consultation peut influer sur sa relation avec le patient. « Le questionnement personnel du médecin, son ambivalence par rapport à la situation et/ou la demande du patient interviennent », estime le Dr Gilles Lazimi, l'un des enseignants du séminaire. Que ce soit lors d'une demande d'IVG, avec des professionnels plus ou moins réticents au projet de leur patiente, ou dans le cas d'un refus de soin, visiblement insupportable pour le cardiologue, « Il faut que le médecin reste en retrait pour pouvoir laisser le patient décider par lui-même », souligne le Dr Lazimi.
De même, c'est en prenant le temps de questionner le malade, de remonter à l'origine de ses douleurs et à son histoire personnelle et familiale qu'un jeune généraliste remplaçant parviendra à détricoter l'écheveau des souffrances de cet homme. Quant au professionnel qui découvre, au cours d'une consultation, que sa jeune patiente souffre d'un diabète de type I, c'est à lui d'obtenir l'écoute de l'adolescente, incrédule et trop jeune pour imaginer pouvoir être porteuse d'une pathologie grave.
« Notre médecine fait que c'est au seul médecin de trouver la solution. Or, en changeant de posture, en adoptant une attitude d'écoute, on rend le patient acteur de ses soins pour lui permettre de guérir », explique Octave Cohen, un des étudiants-réalisateurs.
Un projet pilote
Déjà testées auprès d'étudiants lors d'enseignements du 3e cycle, les vidéos ont reçu un écho très favorable. L'ambition des organisateurs du séminaire est d'étendre ces présentations aux élèves du 2e cycle « toujours avec un accompagnement », précise le Dr Lazimi, car ces films doivent permettre un échange avec les élèves. D'autres films devraient également voir le jour lors de la prochaine année universitaire, illustrant de nouvelles situations. « Nous avons tous été, à un moment ou à un autre, ces médecins », souligne le Pr Cornet. « Pour autant, nous sommes tous capables de changer, de progresser », conclut-il.
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