DE NOMBREUX acteurs du monde de la santé ont insisté sur la nécessité de revoir la formation initiale des médecins pour faire face aux enjeux du vieillissement de la population, lors d’une conférence parlementaire organisée à Paris à l’initiative des députés de Charente Martine Pinville (PS) et du Loiret Jean-Pierre Door (UMP). « La prise en charge de la polypathologie est devenue un enjeu majeur », souligne, courbes à l’appui, le Dr Yann Bourgueil, directeur de l’Institut de la recherche et de la documentation en santé (IRDES).
La formation des médecins ne serait plus adaptée à ce bouleversement. C’est l’avis du Pr Guy Vallancien, chirurgien et professeur d’urologie à Paris-Descartes. « L’université est à côté de la plaque, assène-t-il. On n’apprend pas la prise en charge des polypathologies. Nos études ne sont pas adaptées à la modernité de la pratique, il faut créer des écoles de médecine ».
Le Pr Patrice Queneau, de l’Académie de médecine, est également favorable à une évolution du cursus. Il dénonce l’actuelle première année, qui fait « perdre deux ans aux étudiants avec des matières enseignées d’un intérêt modeste. » : « L’enseignement se dégrade, notamment au niveau clinique », juge le Pr Queneau.
Parler la même langue.
L’explosion des maladies chroniques conjuguée aux difficultés de la démographie médicale renforce la nécessité d’accélérer les délégations d’actes et la création de nouveaux métiers, estime pour sa part la Haute autorité de Santé (HAS). Cette instance a été chargée par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) de veiller à l’évaluation de la délégation d’actes d’un médecin vers un autre professionnel de santé.
« Une trentaine de protocoles de coopération ont été mis en place pour lesquels nous devons donner un feu vert mais on nous fait deux critiques, explique le Pr Jean-Luc Harousseau, président de la HAS. De ne pas aller assez vite et de déshabiller l’activité des médecins. Pourtant, quelques protocoles ont été validés mais les professionnels de santé mettent du temps à les mettre en place. »
Édouard Couty, qui a remis en mars un rapport à Marisol Touraine sur le pacte de confiance à l’hôpital, appelle à « abattre les cloisons » entre la médecine et les autres métiers de santé. « Ces professionnels cohabitent dans le système mais ne se comprennent pas car ils ne parlent pas la même langue », affirme l’ancien DGOS (directeur de l’offre de soins), réaffirmant la nécessité d’une réforme des cursus avec la mise en place de troncs communs d’enseignement.
Toutes les pistes exposées alimenteront la réflexion du gouvernement dont la nouvelle stratégie nationale de santé prendra corps en juin. Elle doit préciser à long terme les rôles respectifs du premier recours et de l’hôpital dans le cadre de la médecine de parcours.
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