La mayonnaise ne prend pas. Plus d'un an après la sortie du décret limitant à 48 heures par semaine le temps de travail des internes (avec 8 demi-journées de stage et deux de formation hors stage), l'application du temps de travail reste hétérogène dans les 28 villes de faculté.
Selon une enquête de l'Intersyndicat national des internes (ISNI), publiée en mai 2016, 90 % des internes travaillent plus que la durée légale. L'ISNI souhaite que le ministère de la Santé valorise les heures supplémentaires effectuées par les internes entre 48 heures et 60 heures. Selon nos informations, des négociations sont en cours.
Des difficultés pour les spécialités chirurgicales
À Nancy, la réforme est appliquée de manière inégale. « En fonction des spécialités, la charge de travail n'est pas la même et les organisations ne sont pas toutes adaptées », explique Charles Mazeaud, président de l'association locale des médecins internes. Chez les urgentistes, la réglementation est respectée « avec des relais à heures fixes alors qu'en chirurgie les horaires hebdomadaires tournent en moyenne autour de 60 heures par interne », poursuit-il. Même constat au Comité des Internes de Reims Champagne-Ardenne (CIRC) ainsi qu'au Bureau des Internes de Brest. Selon eux, la réforme est inapplicable dans les services de chirurgie.
Le taux d'inadéquation, qui entraîne depuis 2015 l'ouverture d'un nombre de postes équivalent à 107 % du nombre des internes, complexifie la tâche des CHU, observe la Fédération hospitalière de France (FHF) en entraînant de « fortes variabilités sur le nombre d'internes dans un service d'un semestre à l'autre ». Du fait du manque de bras, certains internes sont amenés à réaliser entre deux et trois gardes par semaine.
Toutefois, plusieurs associations soulignent les efforts de leur CHU pour réorganiser les services et appliquer le repos de sécurité après une garde. « Aujourd'hui à Marseille, il est respecté dans l'ensemble des services », assure Olivier Le Pennetier, président du syndicat autonome des internes des hôpitaux de Marseille (SAIHM). Même son de cloche à Brest.
La problématique des demi-journées de formation
Avec la réforme, il est toutefois difficile pour les internes de disposer des deux demi-journées de formation hors-stage destinées notamment à avancer sur leur thèse. « Ces demi-journées ne sont pas du tout exploitées faute de volonté des services de dégager du temps pour les internes », note un syndicaliste.
Pour la FHF, la mise en œuvre de la réforme doit être affinée avec les doyens des facultés, les coordonnateurs de spécialités en région et interrégion « afin d'organiser les absences pour formation ». La fédération a par ailleurs demandé que les établissements et l'université soient dotés d'un outil partagé de gestion du temps de travail.
Une réussite à la Réunion
À 9 000 km de la métropole, sur l'île de la Réunion, le temps de travail, hormis pour les spécialités chirurgicales, est « largement respecté et entré dans les mœurs », indique Ayoub Drissi-Bakhkhat, secrétaire général du syndicat des internes de l'Océan Indien. Par exemple, en médecine interne, le repos de sécurité après une garde est automatique. Si l'interne effectue une garde le week-end, une demi-journée lui est accordée afin d'équilibrer son emploi du temps la semaine suivante ou celle d'après. Les tableaux de service sont tenus correctement. Et les deux demi-journées de formation sont respectées. Ce succès s'explique par l'implication des praticiens hospitaliers dans l'organisation du temps de travail, précise le secrétaire général du syndicat.
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