Une étude réalisée par TNS Sofres pour le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP), à laquelle ont répondu 1 599 internes et chefs de clinique de la région, révèle les attentes de la nouvelle génération médicale. Les jeunes praticiens d’Ile-de-France veulent clairement travailler moins que leurs aînés et entendent davantage concilier vie de famille et carrière professionnelle. La France médicale de demain, majoritairement féminine aspire à travailler en équipe, boude le secteur libéral exclusif et privilégie l’exercice mixte dans un établissement public ainsi qu’une diversification de la rémunération. Elle se montre ouverte à la délégation de tâches médicales. Découvrez de A à Z, ce qu’attendent vos confrères de la génération Y.
ILS ONT DÉCIDÉ de devenir médecin mais ils ne veulent pas que leur vocation devienne un sacerdoce.
Ils ne prendront pas le risque de sacrifier leur famille ou leur vie sociale. L’étude réalisée par TNS Sofres pour le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) auprès de quelque 1 600 internes et chefs de clinique d’Ile-de-France, soit un panel très significatif, est riche en enseignements sur les aspirations de la nouvelle génération de médecins.
Alors que la profession n’est pas épargnée par le burn-out, la relève ne conservera pas le même rythme de travail que ses aînés. Promis, juré, après avoir terminé son internat ou clinicat, la majorité (58 %) de ces jeunes médecins ne travaillera pas du lundi au vendredi. Parmi ces récalcitrants à la semaine des 5 jours, neuf sur 10 souhaiteraient travailler 4 jours par semaine. Et ils ne sont que 37 % à envisager « une activité de nuit » quand 39 % ne veulent pas faire de garde et que 24 %, visiblement peu enthousiastes, ne se sont pas prononcés.
Fracture.
Le modèle du médecin stakhanoviste, effectuant plus de 60 heures hebdomadaires sans compter les gardes, s’éloigne de plus en plus. Les jeunes envisagent de mettre la pédale douce. À la fin de l’internat, ils sont déjà 42 % à envisager de travailler entre 35 et 50 heures par semaine (voir diagrammes). « Cette étude confirme l’apparition d’une nouvelle génération de médecins, explique Julien Lenglet, président du SIHP. Il s’agit de la génération Y qui veut travailler moins, pas tous les jours de la semaine, et veut trouver un équilibre entre sa vie privée et sa carrière ».
Surtout, plus ils se projettent dans leur carrière, moins les jeunes médecins imaginent passer leur vie au cabinet ou à l’hôpital. Dix ans après la fin du clinicat, ils sont 64 % à envisager de travailler 35 à 50 heures par semaine et même 7 % à espérer faire moins de 35 heures hebdomadaires. Ces chiffres révèlent indéniablement une fracture générationnelle puisque le temps de travail moyen d’un généraliste est actuellement d’environ 57 heures par semaine en moyenne, selon une étude de la DREES de mars 2012.
L’équilibre avant les revenus.
Même si c’est d’abord un effet de génération, la féminisation du corps médical n’est pas étrangère à cette baisse souhaitée du temps de travail hebdomadaire. Les femmes projettent en effet majoritairement d’exercer entre 35 et 50 heures par semaine tandis que deux hommes sur trois envisagent un temps de travail hebdomadaire supérieur aux 50 heures (et même 10 % plus de 80 heures). Faut-il voir un signe ? « L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée » mais aussi « l’ambiance de travail agréable » ou « l’intérêt de la pratique médicale » figurent parmi les préoccupations principales des futurs médecins, loin devant les revenus. La surcharge de travail est d’ailleurs la raison la plus souvent évoquée par les jeunes médecins lorsqu’on leur demande ce qui pourrait les amener à envisager de renoncer à leur carrière médicale.
Cette volonté de gagner du temps médical se traduit par une grande ouverture de la jeune génération à la délégation des actes : près de trois médecins sur 4 sont prêts à déléguer une partie de leurs tâches (éducation thérapeutique, renouvellement de médicaments pour une pathologie chronique, actes techniques).
« Les nouvelles aspirations des médecins devraient profondément changer la profession mais aussi les conditions de prise en charge dans les prochaines années », pronostique le SIHP.
L'attrait puissant de l'exercice mixte et en groupe
L’étude a été réalisée en ligne du 10 avril au 5 mai 2013 à partir d’un fichier du SIHP portant sur 4 252 internes de spécialité, 1 704 internes de médecine générale et 743 chefs de clinique et assistants.
Sur les 1 909 réponses reçues, seules 1 599 réponses complètes ont été exploitées par TNS Sofres.
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