La décision a finalement été prise de supprimer le numerus clausus à l’entrée en PACES, elle-même remis en question. Ce dispositif très discutable, inventé en 1972 pour endiguer les dépenses de santé – arguant que plus il y aurait de médecins, plus il y aurait de prescriptions — a montré ses énormes inconvénients et dépassé ses espérances, la raréfaction des médecins contribuant évidemment aux déserts médicaux. On peut comparer cette mesure à une limitation du nombre de thermomètres pour lutter contre une épidémie de fièvre…
Mais l’avez-vous remarqué : il s’est trouvé immédiatement dans la profession des gens pour protester et dire qu’il faut faire attention à ne pas ouvrir entièrement les portes des études médicales, houlà, le diplôme ne doit pas être « galvaudé », etc. D’où les néologismes type numerus apertus… Au secours, Astérix !
Ouvrir les connaissances médicales à tout un chacun
Pourtant, est-il inimaginable de donner aux études médicales le même régime que l’enseignement des autres disciplines ? Les connaissances médicales intéressent considérablement les gens, et il est bien légitime pour chacun des citoyens que nous sommes de souhaiter comprendre comment fonctionne le corps humain, puis comment il dysfonctionne. Pourquoi restreindre la diffusion de ces connaissances ? De moins en moins d’ailleurs puisque qu’Internet les met à la disposition de tous et permet à de célèbres hypocondriaques d’avoir un bagage médical très appréciable. Empêche-t-on les citoyens qui le souhaitent, même retraités, de s’inscrire par exemple en Histoire de l’Art, en sachant parfaitement qu’aucun sans doute ne fera une carrière de directeur de MJC ou de Musée ?
A l'opposé des tenants du concours
Dans le système contingenté dont nous allons sortir, les exemples sont nombreux de confrères qui ont choisi, à la fin de leurs études médicales, parfois un peu plus tard, de travailler dans des secteurs qui n’ont rien à voir avec la médecine de soins : journalistes médicaux ou non, écrivains, diplomates, politiciens ou conseillers politiques, cinéastes, ecclésiastiques… souvent parmi les plus brillants d’entre eux d’ailleurs ; ou encore dans des spécialités non prescriptives (médecine du travail, médecine scolaire, santé publique, médecins-conseils des caisses…) plus compatibles avec un salariat. Autant de soignants perdus pour les malades et que n’avait pas prévus le numerus clausus.
À l’opposé des tenants du concours, on peut se demander si la collectivité ou l’Assurance Maladie ne gagneraient pas à disposer d’un grand nombre de praticiens, ce qui résoudrait le problème de la désertification ou des spécialités non prisées et élargirait les possibilités de choix d’un médecin traitant.
Une objection souvent évoquée est celle des capacités d’accueil des facultés et hôpitaux, évidemment limitées. Mais avec un peu d’imagination il n’est pas impossible d’apprendre la médecine ailleurs qu’à l’hôpital ou en amphi : les connaissances théoriques peuvent s’acquérir dans les livres, à l’ancienne en conférence ou par correspondance, voire sur internet avec examens en ligne, et la pratique clinique au cours de stages dans les hôpitaux de proximité ou auprès de praticiens installés, dans une sorte de compagnonnage, puis validation par les acquis de l’expérience… Après tout les maîtres de stage ont déjà été inventés !
La médecine, curieusement, n’est traditionnellement pas rangée parmi les « sciences humaines » (histoire, sociologie, géographie, psychologie.) alors que c’est peut-être la plus « humaine » d’entre elles. Les connaissances médicales peuvent contribuer à la culture générale, et ouvrir à des carrières autres que les soins si par hasard le pays produisait « trop de médecins » (air connu), sans compter que la médecine peut facilement s’exporter, les besoins sont immenses.
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