Révision des diplômes, mise en responsabilité

Troisième cycle des études : le grand chambardement ?

Publié le 17/06/2013
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Crédit photo : S TOUBON

LANCÉE il y a trois ans et demi par Roselyne Bachelot, la réforme du 3e cycle des études médicales va-t-elle enfin aboutir ? La commission nationale de l’internat et du post-internat (CNIPI), en sommeil depuis un an, vient d’être réactivée. Les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont confié aux Prs François-René Pruvot et François Couraud le pilotage d’un groupe de travail chargé de leur remettre d’ici à la fin septembre le fruit de leur réflexion.

Cette commission, composée de doyens, d’étudiants, internes, chefs de clinique mais aussi d’experts, est tenue de « construire des référentiels de formation pour l’ensemble des spécialités médicales, chirurgicales et biologiques »,« d’assurer le caractère formateur des stages et les mutualisations possibles entre filières » mais surtout de faciliter l’installation rapide des jeunes diplômés après une mise en responsabilité en fin de formation. Cette période de seniorisation devra « pouvoir se dérouler en milieu hospitalier mais aussi en ambulatoire ». Enfin, la commission devra proposer des modifications à la liste actuelle des diplômes d’études spécialisées (DES) et complémentaires (DESC). « Le gouvernement a la volonté de simplifier la lisibilité de la formation, de mieux évaluer les compétences des internes et de définir avec plus de précision la durée des DES », explique le Pr Dominique Perrotin, président de la conférence des doyens.

« Le Quotidien » fait le point sur les premières pistes avancées.

Davantage de DES, disparition des DESC qualifiants.

Les DESC de type 2 (qualifiants) seraient supprimés et deviendraient des DES. Toutes les spécialités chirurgicales (vasculaire, viscérale, cardiaque...) deviendraient accessibles au choix de spécialité d’internat. Certaines d’entre elles verraient la durée de leur cursus allégée d’un an, si la réforme est retenue.

Par ailleurs, la gériatrie et la nutrition pourraient devenir des spécialités à part entière comme les urgences (DESC de type 1). La réanimation pourrait être détachée de l’anesthésie, même si cette réforme est très controversée.

Les médecins en formation sont divisés sur ces évolutions. L’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) souhaite que le futur cadre sécurise les possibilités de mobilité et de changement de spécialité du praticien en cours de carrière. « Nous ne voulons pas un allongement des études », clame de son côté Emanuel Loeb, président de l’Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNI). Les internes de médecine générale réclament des garde-fous face à une éventuelle spécialisation de la gériatrie et des urgences. « Nous ne sommes pas opposés à une filiarisation précoce si le professionnel peut se réorienter en médecine générale en cours de carrière », affirme Emmanuel Bagourd, président de l’ISNAR-IMG.

Flou sur le post-internat.

La réforme du post-internat est également très attendue. En juin 2010 déjà, les Inspections générales des affaires sociales (IGAS) et de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) s’alarmaient dans un rapport : « L’accès au post-internat devient mécaniquement plus difficile avec la progression des effectifs en sortie d’internat ». Pour résoudre les difficultés posées aux spécialistes pour qui ce post-internat est indispensable, les experts préconisaient simplement de le supprimer et d’accentuer la séniorisation de l’internat. Cette solution permettrait au gouvernement de réaliser des économies sur la formation des futurs médecins. « Cet argument économique n’est jamais évoqué mais il reste en arrière-pensée », confie Benjamin Birène, vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).

Le Dr Florence de Rohan-Chabot, vice-présidente de l’Intersyndicat national des chefs de cliniques assistants (ISNCCA), souligne que la problématique du post-internat n’a pas encore été abordée par le groupe de travail : « L’idée de la réforme est de rendre autonomes et responsables les internes, pas de supprimer le post-internat ». Depuis quelques années, le nombre de chefs de clinique est bloqué à environ 3 700 unités auxquels s’ajoutent environ autant de postes d’assistants.

Quid du secteur II ?

Un problème sous-jacent n’a pas été débattu : l’entrée en secteur II conditionnée pour l’heure à la réalisation d’un post-internat (clinicat ou assistanat). « C’est une question fondamentale et je ne vois pas comment on pourrait la dissocier de la réforme de l’internat », explique le Dr de Rohan-Chabot. Internes comme chefs sont hostiles à toute modification de l’accès au secteur II.

La commission du 3e cycle aura fort à faire pour formuler des propositions qui conjuguent les enjeux pédagogiques et économiques tout en préservant la paix sociale dans les facultés.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9251