Une première année d’études de santé dans chaque département ? Une proposition « irréaliste » pour les doyens

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Publié le 31/03/2025
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L’article 3 de la proposition de loi transpartisane du député Guillaume Garot, visant à proposer une première année d’études de santé dans chaque département, est jugé irréaliste par les conférences des doyens des facultés de santé ainsi que par France universités.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Embrouillamini droit devant ! L’article 3 de la proposition de loi transpartisane présentée par le député Guillaume Garot, qui vise à proposer une première année d’études de santé dans chaque département français, fait grincer des dents les Conférences de doyens des facultés de santé (médecine, odontologie et pharmacie), la Conférence nationale des enseignants en maïeutique ainsi que France universités.

Dans ledit article (qui n’est pas moins controversé que les autres), il est ainsi mentionné : « Les unités de formation et de recherche en santé proposent dans chaque département des enseignements correspondant au minimum à la première année du premier cycle des formations de médecine, de pharmacie, d’odontologie et de maïeutique en particulier dans les zones caractérisées par une offre de soins insuffisante ou des difficultés dans l’accès aux soins (…). »

Des conditions difficiles à remplir

En fin de semaine dernière, les cinq institutions ont alerté sur la complexité d’application de cette proposition alors même que la réforme du premier cycle fait déjà l’objet de vives critiques. « À l’heure où l’ensemble des universités françaises peinent à rendre lisible, simple et sécurisée la mise en œuvre de la première année des études de santé, cette proposition d’offrir une première année du premier cycle de médecine maïeutique odontologie pharmacie (MMOP) dans chaque département n’est pas réaliste », lit-on.

À leurs yeux, l’ouverture de sites universitaires délocalisés nécessiterait que les établissements remplissent un certain nombre de critères pour préserver la qualité de l’enseignement lors de cette première année de formation. Universités, doyens et enseignants rappellent qu’il serait indispensable « que chaque département dispose d’infrastructures universitaires capables d’accueillir ce type de formation » en capacité d’organiser des travaux dirigés en petits groupes « pour un nombre élevé d’étudiants ».

Autre condition : les universités devront être en mesure de déplacer les enseignants et d'augmenter le nombre de sessions d’enseignement sur des sites délocalisés, en disposant des ressources humaines nécessaires (enseignants-chercheurs et personnels administratifs). « En effet, l’usage massif de cours en distanciel ne peut pas être la seule réponse à l’augmentation du nombre de lieux d’enseignement, au risque de dégrader la qualité de la formation de nos futurs professionnels de santé », soulignent les universitaires.

Laisser le choix aux universités

Autre priorité : que le principe d’équité soit respecté entre les étudiants de première année « avec des enseignements équivalents sur tous les sites délocalisés afin d’éviter tout risque de rupture d’égalité et donc de recours juridiques ». Enfin, un tutorat devra être proposé par les établissements à tous les carabins « avec un suivi équivalent de tous les étudiants quel que soit leur lieu d’étude », précisent-ils.

Si cette proposition peut être envisagée dans certains départements disposant déjà de bâtiments adaptés aux activités d’enseignement, elle « ne peut en aucun cas être généralisée à l’ensemble des départements français », alertent les contestataires, bien conscients de la saturation des capacités de formation (locaux et bibliothèques universitaires déjà surchargés).

Sur le fond, néanmoins, les universitaires estiment que ce modèle d'organisation mérite d’être encouragé, mais soulignent que cette décision doit rester sous la responsabilité des acteurs des subdivisions académiques dans le respect total de l’autonomie des universités.


Source : lequotidiendumedecin.fr