Comment se faire connaître quand on s'installe ?

Publié le 07/12/2018
Par où commencer ? Que dire sur le répondeur téléphonique ? Qu'indiquer sur la plaque ? Sur le site Internet ? À quelles réunions assister et comment entrer en contact avec les confrères ? Le début d'activité est un moment charnière délicat qui implique de se faire connaître sans enfreindre la réglementation qui interdit la publicité des médecins. Décryptage.
Plaque professionnelle

Plaque professionnelle
Crédit photo : GARO/PHANIE

La communication médicale a beaucoup évolué ces dernières années. Les attentes des patients, demandeurs de transparence et d’informations, sont aussi de plus en plus fortes en matière de santé. Au point que certains donnent désormais un avis sur leur médecin sur Google. 

Le Conseil d'État a eu beau récemment réclamer, en juin dernier, un assouplissement des règles de communication du corps médical, les praticiens demeurent contraints de respecter l'interdiction de publicité qui leur est imposée depuis plus de 70 ans.

Déontologie oblige

Le code de déontologie interdit « tout procédé direct ou indirect de publicité ». « La médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce, précise l'article 19. Sont interdits notamment tout aménagement ou signalisation donnant aux locaux une apparence commerciale. » Dans ces conditions, comment se faire connaître ? Comment communiquer sans faire de la publicité ?

Le jeune praticien, il est vrai, n’a pas beaucoup de difficultés à se faire une place, tant la pénurie est grande. Mais quand il s'installe, autant faciliter le flux de patients et là c’est une histoire de communication. Et il faut parfois donner de sa personne.

La meilleure chose à faire est de procéder d’une manière traditionnelle : s’inscrire sur les pages jaunes, envoyer un courrier postal confraternel, profiter au moment du rendez-vous installation de son conseil départemental de l’annonce qu’il peut envoyer à la presse locale, décider de son mode de prise de rendez-vous via Internet, réfléchir aux termes de sa plaque et aux messages sur son répondeur téléphonique, rendre visite aux pharmaciens, kinés, infirmiers et à tous les paramédicaux du secteur, sans oublier les confrères spécialistes. Cette étape est essentielle, avant que le bouche-à-oreille ne contribue à asseoir votre réputation.

Oubliez en revanche le colportage ou la distribution de cartes de visite sur le marché le dimanche matin, qui seraient assimilables à de la publicité.

Nouveaux usages sur le web

Le récent avis du Conseil d’État sur « la réglementation applicable en matière d’information et de publicité aux professionnels de santé » pourrait en revanche faire évoluer les lignes sur le web en élargissant la possibilité pour les médecins de communiquer davantage.

Les généralistes doivent trouver le juste équilibre pour se faire connaître en s'appuyant sur les nouvelles technologies sans se faire taper sur les doigts par l'Ordre. « Le CNOM autorise les médecins à avoir un site Internet personnel, explique le Dr Yannick Schmitt, président du Regroupement autonome des généralistes, jeunes installés et remplacements (Reagjir), mais les informations fournies doivent être factuelles, c’est-à-dire pratiques sur la vie du cabinet, les horaires d’ouverture, les consultations libres ou sur rendez-vous. Ces renseignements ne concernent que le champ de la communication médicale préventive ou celle bordée par des références ou des sources institutionnelles (HAS, ARS) ».

Sur Internet, n’écrivez jamais d’informations sur des techniques particulières d’exercice ! 

Les réseaux en live

Les élus locaux et maires sont en général de bons intermédiaires. Pressés de vous voir arriver, ils ont aussi hâte de vous présenter. Une réunion publique et l'annonce de votre arrivée dans la presse locale est du domaine du possible – même s'il arrive que certains conseils départementaux de l'Ordre très scrupuleux tapent sur les doigts des praticiens lorsqu'une photo d'eux paraît dans un quotidien local.

Attention toutefois à la teneur des propos. Si l'on peut parler de son cursus et des motivations qui vous conduisent à ouvrir votre cabinet dans telle localité, ne vous étendez surtout pas sur les techniques ou spécificités médicales, ou vous risquez de basculer dans la dimension publicitaire.

Enfin, les réunions syndicales ou professionnelles et l’investissement dans l’associatif sanitaire, sportif, éducatif ou concernant des organisations de patients est aussi un bon moyen de se faire connaître à ses débuts. Mais là encore, attention ! « Le médecin doit veiller à l’usage qui est fait de son nom, de sa qualité ou de ses déclarations. Il ne doit pas tolérer que les organismes, publics ou privés, où il exerce ou auxquels il prête son concours utilisent à des fins publicitaires son nom ou son activité professionnelle », précise l’article 20 du code de déontologie. 

En cas de doute sur ce que vous êtes autorisés ou non à faire, contactez le conseil de l’Ordre de votre département !

A.C. 


Source : lequotidiendumedecin.fr