Au congrès de Reagjir, les collectivités sortent le grand jeu pour séduire des remplaçants parfois sceptiques

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Publié le 30/05/2024

Logements, aides à l’installation, guichet unique… Les collectivités territoriales ont joué leurs meilleures cartes ce jeudi 30 mai pour tenter d’attirer la centaine d’internes et jeunes généralistes remplaçants – réunis à Angers pour les 12e rencontres nationales de Reagjir.

Crédit photo : Aude Frapin

Comment donner envie à des jeunes généralistes remplaçants et internes de venir effectuer des remplacements – voire de s’installer – sur des territoires parfois éloignés des centres-villes et des lieux de formation ?

S’il n’existe pas de recette miracle, les collectivités et les élus mettent ces dernières années le paquet pour tenter d’attirer les perles rares sur leur territoire et inverser la tendance d’une démographique médicale en berne.

Défi pour les collectivités

La « session collectivités » organisée en introduction des 12e Rencontres nationales de Reagjir en est la parfaite illustration. Pendant plus de trois heures, des collectivités – de toute la France – se sont employées à présenter, devant un parterre de jeunes médecins et d’internes, les dispositifs locaux mis en place pour favoriser leur intégration. Cette fois-ci, pas d’incitations financières agitées au nez des jeunes praticiens mais des mesures concrètes d’accompagnement et d’insertion.

Guichet unique en Pyrénées-Atlantiques, exercice salarié en centre de santé départemental dans le Nord ou en Haute-Marne, aides aux logements [à hauteur de 900 euros par semestre] en Vendée… Ce matin, les collectivités ont redoublé d’efforts pour convaincre les jeunes médecins qu’ils pouvaient répondre à leurs besoins. « Face aux déserts médicaux qui gagnent du terrain (…), nous n’avons pas d’autres choix que d’adopter une politique de santé volontariste, a admis Sophie Billot, chargée de la santé au conseil départemental de Haute-Marne. Avec le centre de santé départemental que nous avons créé, l’idée est de vous offrir un cadre pour expérimenter un lieu de vie et d’exercice, une équipe, une patientèle, avant de prendre la décision de vous installer ».

Le vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) et maire de Varzy, Gilles Noël, a joué cartes sur table. « De mon côté, je n’ai rien à vous vendre mais il me semble essentiel de retisser du lien avec vous. Aujourd’hui, nous voyons très peu les internes et les médecins remplaçants… Nos territoires ruraux sont pourtant dynamiques et bienveillants, a-t-il glissé. N’oubliez pas que derrière chacune de ces communes, il y a un homme ou une femme de proximité, le maire, capable de répondre à vos besoins ! »

Nécessité de s’adapter aux besoins

Animatrice de la session, le Dr Marie Bonneau, médecin généraliste installée à Saint-Rogatien (Charente-maritime), a salué les « efforts » engagés ces dernières années par les collectivités invitées. « On sent qu’elles cherchent à apporter des solutions pertinentes et concrètes aux problèmes d’accès aux soins en travaillant main dans la main avec les professionnels de santé pour répondre aux besoins des administrés, c’est très positif », souligne-t-elle. « Il faut continuer à mettre l’argent là où on en a besoin », a appelé de ses vœux la praticienne.

Sur le plan du logement, elle a invité les collectivités à se pencher sur les besoins spécifiques des remplaçants. « Il faut penser aux internes, évidemment, mais il faut aussi penser aux jeunes professionnels que sont les remplaçants et réfléchir à des hébergements communautaires afin qu’ils puissent créer du lien pendant leurs remplacements ! » La généraliste se souvient de cette période, lorsque, tout juste sortie de l’internat, elle s’est retrouvée à effectuer des remplas réguliers à proximité de Cheverny, à une heure de son logement… « Les allers-retours devenaient trop lourds. J’ai donc préféré prendre un logement sur place, a-t-elle raconté. Mais trouver une location à la nuité dans un petit village n’a pas été facile. J’ai fini par contacter le maire qui m’a redirigée vers un de ces administrés qui avait un gros corps de ferme à disposition ! C’était la seule solution d’hébergement, j’ai donc accepté. Et je peux vous dire que le soir à 22 heures, il n’y avait plus aucune vie… », a-t-elle témoigné, sourire aux lèvres.


Source : lequotidiendumedecin.fr