Tandis que l’explosif projet de loi (PJL) immigration est examiné ce lundi en séance publique à l’Assemblée nationale, les étudiants en médecine, les internes et les jeunes praticiens se mobilisent pour défendre l’aide médicale d’État (AME). Une prise de position dans la lignée de celle de la communauté médicale, qui a exprimé à de maintes reprises via des tribunes son opposition totale à l’amendement du Sénat actant la suppression de l’AME, transformée en aide médicale d’urgence (AMU), réduisant de fait le panier de soins.
En première ligne dans ce débat, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui porte ce PJL, a annoncé dimanche sur le média Brut que le gouvernement prépare un « autre texte pour le début de mois de janvier » sur l’AME avec des modifications restrictives, notamment sur les proches bénéficiaires de l’aide sans être eux-mêmes inscrits au dispositif. Il faut « le juste équilibre entre humanisme et fermeté », a-t-il aussi déclaré, quelques jours après la remise du rapport Evin-Stefanini sur l’AME, qui acte son utilité, mais pointe également quelques points d’amélioration.
Un dispositif indispensable
C’est dans ce contexte et le jour même de l’examen à l’Assemblée que l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) et le regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir) témoignent de « leur inquiétude vis-à-vis de ces attaques répétées contre l’AME, dispositif indispensable pour prendre soin de tous ».
Pour eux, cette suppression de l’AME – telle que défendue par les Républicains (LR) – serait une quadruple erreur. Morale, en premier lieu, car « priver des êtres humains de soins en raison de leur statut administratif est indigne. Il s’agit d’une atteinte grave aux droits de l’Homme », écrivent-ils.
Une faute déontologique et économique
Mais il s'agit aussi d'une faute déontologique, car le code de déontologie stipule que « le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu'il peut éprouver à leur égard ».
Il s’agirait également d’une faute sanitaire, car provoquer le renoncement aux soins de ces personnes faciliterait « la propagation de maladies infectieuses, aberration à la sortie d’une crise sanitaire, mais aussi [pourrait] majorer les complications évitables du fait de l’absence de suivi dans le cadre de pathologies chroniques ».
Enfin, selon eux, supprimer l’AME est une faute économique implacable : « Les dépenses engendrées par des prises en charge tardives et dans l’urgence en milieu hospitalier, faute de suivi et de prévention assurés en ambulatoire », créeront un surcoût pour l’Assurance-maladie.
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