La photographe Schulz-Dornburg, Marie-Antoinette, Versailles

Le passé retrouvé

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Publié le 09/01/2020

En ce début d’année, une réflexion sur le temps qui passe. Les frontières et les architectures « d’avant » avec les photos d’Ursula Schulz-Dornburg à la Maison européenne de la photographie. Les multiples représentations de Marie-Antoinette, jusqu'à aujourd'hui, à la Conciergerie. Et la réhabilitation de Versailles, cent ans après la Révolution, avec « Revival 1867-1937 ».

Erevan-Ararat, 2001

Erevan-Ararat, 2001
Crédit photo : URSULA SCHULZ-DORNBURG

À la Maison européenne de la photographie (1), première rétrospective en France de la photographe Ursula Schulz-Dorburg, née en 1938 à Berlin. Sous le titre « Zone grise/The Land in Between », une sélection de 250 photos réalisées entre 1980 et 2012, offrant une lecture documentaire et minimaliste des paysages.

L’histoire des empires, à Palmyre, frontière de la Mésopotamie romaine, et dans les marais d’Irak, berceau de la civilisation dès – 4 500 ans avant J-C. La mobilité des peuples, avec les traces dans le sol et les gares du chemin de fer du Hedjaz, reliant pour le pèlerinage la Jordanie à Médine, et les architectures des abribus des années 1970 en Arménie, en leur temps œuvres d’art. L’impact de la politique sur le paysage avec les vestiges des sites d’essais nucléaires de l’ex-Union soviétique, ou la ville de Kronstadt, ancienne base de sous-marins nucléaires, qui apparait aujourd’hui comme une construction futuriste.

Une reine et un château

À la Conciergerie (2), où la reine a passé les dix dernières semaines de sa vie, « Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image ». Déjà très représentée et critiquée de son vivant, Marie-Antoinette est devenue après sa décapitation en 1793 la figure historique qui a suscité le plus de représentations. C'est ce que montre en 200 œuvres l'exposition, qui juxtapose des documents historiques (le procès, sa dernière lettre à sa belle-sœur, Madame Élisabeth, ses funérailles officielles sous la Restauration en 1815) avec des extraits de films, objets d'art et accessoires de mode, jusqu’à des créations contemporaines.

Tout est prétexte à représentation. Ses portraits par Vigée Le Brun, repris par Botero et Pierre et Gilles. La mère qui s'inspire des idées de Rousseau. La reine de la culture, du théâtre, de la mode, des jardins. La femme moderne et la martyre, et même son corps, ses cheveux, sa tête coupée.

Au château de Versailles (3), « Revival 1867-1937 » évoque en près de 350 œuvres une période où le Versailles de l'Ancien Régime connaît un engouement nouveau, entre nostalgie et création, et une réhabilitation grâce au travail des conservateurs, dont Pierre de Nolhac, directeur du musée de 1892 à 1920. Puis une véritable renaissance, avec le mécénat Rockefeller des années 1920-1930, qui permet des restaurations et un remeublement décisif.

Le château inspire le roi Louis II de Bavière, les écrivains, dont Marcel Proust, les musiciens, Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré, les peintres, Paul Helleu, Giovanni Boldini, Georges Rouault, Lucien Lévy-Dhurmer, Henri Le Sidaner, les photographes, Eugène Atget, Edward Steichen, Man Ray. Versailles attire les touristes, inspire la mode, le cinéma. Le tourisme se développe autour du parc et des Grandes Eaux.

C'est aussi un lieu éminemment politique. L'Empire allemand est proclamé dans la Galerie des Glaces après la guerre de 1870 et cinquante ans plus tard le traité de Versailles y est signé.

 

 

 

(1) Jusqu’au 16 février, www.mep-fr.org

(2) Jusqu'au 26 janvier, www.paris-conciergerie.fr

(3) Jusqu'au 15 mars, www.chateauversailles.fr

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin