Comment faire pour respecter l’an prochain un Ondam (Objectif de dépenses d’assurance maladie) de rigueur, que Marisol Touraine a fixé à 2,1% (contre 2,4% cette année) ? La Cnamts a sa petite idée. Les membres de son conseil devraient en effet adopter jeudi 3 juillet un rapport qui suggère aux pouvoirs publics d’économiser 2,9 milliards d’euros l’an prochain pour tenir... le coût ! La médecine de ville devrait être doublement impactée par ces évolutions. D’abord indirectement, puisque la cnamts préconise de réaliser « un virage ambulatoire » qui englobe le raccourcissement des durées de séjour en maternité et en chirurgie orthopédique et le développement de la chirurgie ambulatoire et de la rééducation en ville. Ensuite, de façon plus immédiate, puisque 700 millions d’euros, soit un quart des économies à réaliser, reposeraient sur la maîtrise médicalisée.
Les médecins généralistes sont impactés par ce programme à plus d’un titre. Et particulièrement s’agissant de leurs prescriptions. Dans les mois qui viennent, la Cnamts envisage par exemple d’organiser des entretiens confraternels sur la question de la iatrogénie auprès de 6000 médecins traitants ayant des patients de plus de 70 ans (ou plus de 65 ans avec ALD) dont les ordonnances comportent plus de 10 molécules. D’une manière générale, l’Assurance maladie suggère de mettre en place une nouvelle « option conventionnelle » permettant au médecin traitant de gérer plus globalement ses prescriptions en fonction de sa patientèle ». La proposition n’est pour l’heure pas plus précise, mais elle témoigne d’une volonté de la Sécu de faire encore davantage d’économies sur les ordonnances des médecins. Plus concrètement, la cnamts confirme qu’elle va -dès le seond semestre 2014- étudier de très près le cas de 592 médecins dont le taux de "NS" est supréieur ou égal à 29%.
De façon plus concrète, la Rémunération sur Objectifs de santé Publique (ROSP) devrait être l’instrument privilégié d’intervention de la Cnamts, notamment sur le médicament. Ainsi sur les antidépresseurs. La Cnamts estime que seul un quart des patients dépressifs est aujourd’hui « pris en charge de façon adaptée ». Elle prévoit des actions d’accompagnement des praticiens pour diffuser les recos sur la durée des traitements et le suivi des patients. Et se propose d’inclure dans la ROSP « des indicateurs spécifiques de qualité de diagnostic et du traitement de la dépression ».
Dans le domaine des prescriptions de radiologie, la ROSP pourrait aussi reprendre du service. La Cnamts s’inquiète en effet de la progression forte (+8% par an) des prescriptions d’IRM ostéo-articulaires. Elle suggère une campagne en direction des radiologues et des généralistes sur les recos HAS en matière de lésions méniscales, du ligament croisé antérieur et du rachis. Là encore, cette action pourrait s’accompagner de nouveaux indicateurs dans le cadre de la ROSP.
Même démarche proposée concernant le dépistage précoce de l’insuffisance rénale chronique chez les patients diabétiques, sur lequel le paiement à la performance pourrait aussi être mobilisé, « sur la base d’indicateurs pouvant être mesurés à partir de données de remboursement. »
Dans son « rapport sur l’évolution des charges et produits de l’assurance maladie pour 2015», la cnamts évoque enfin la nécessité de diffuser des référentiels de prescription sur les IJ, et elle annonce un renforcement des contrôles sur ce point.
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