La lutte contre les déserts médicaux ne connaît pas de répit. Sans attendre que les dispositifs de la nouvelle convention entrent en application, un député s’apprête à déposer une proposition sur le sujet. Et dans un domaine où Nicolas Revel et Marisol Touraine soutiennent des mesures incitatives, Philippe Vigier (photo) n’hésite pas, lui, à passer à la coercition. Un terme que récuse toutefois l’élu UDI d’Eure-et-Loire qui « préfère parler de régulation douce ». « Je pense qu’il faudrait demander à tout jeune médecin, une fois son diplôme obtenu, de rester exercer 3 ans en zone sous-dotée dans la région où il a été formé », développe le centriste dans un entretien accordé à La Croix. Une expérience à l’issue de laquelle le médecin « serait libre d’aller ailleurs, mais peut-être que ces premières années d’exercice lui auront donné envie de rester dans la région », veut croire celui qui en est à sa troisième proposition de loi sur le sujet. Et ce docteur en pharmacie de souligner que « ce système existe déjà pour d’autres professions sans que cela ne choque personne ».
Des aides inefficaces
Interrogé sur l’aide à l’installation prévue par la prochaine convention, Philippe Vigier ne croit pas à son efficacité. « Cela fait des années que des incitations financières sont mises en place (…) et on a pu voir que ces aides ne marchent pas », affirme-t-il. À ses yeux, « cela sous-entend que la médecine n’est qu’une affaire d’argent alors que l’installation d’un médecin libéral, c’est d’abord un projet de vie ». Et cet élu d’un territoire en tension de douter de l’intérêt même de cette aide car « un médecin qui a envie de travailler gagne très bien sa vie et très vite dans un désert médical ».
Régionalisation des ECN
S’agissant du concours de l'internat, « souvent, des internes préfèrent redoubler pour avoir un meilleur choix l’année suivante plutôt que de prendre un poste de médecine générale dans une région peu attirante », regrette Philippe Vigier. Il propose donc « une régionalisation de l’internat ». Et plaide pour que, dans le cadre de l’internat de médecine générale, le stage en cabinet passe à 12 ou 18 mois. « C’est de cette manière que les étudiants pourront découvrir ce beau métier qu’est la médecine générale », conclut-il.
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