Une réforme du système de soins qui interviendrait sur la base du rapport Cordier vous semble-t-elle elle indispensable ?
Sans aucun doute. Le système de santé et d’assurance-maladie requiert une vraie réforme d’ensemble depuis près d’une décennie ! Le parcours de santé est un axe crucial car il permettra de réduire les défaillances du système. Je pense toutefois que cela ne suffit pas. Il est également nécessaire de repenser le pilotage de notre système de santé. Les programmes de santé publique sont par exemple très indépendants des actions menées par l’Assurance Maladie. Il faut les unifier mais aussi que les problèmes soient traités au niveau territorial avec la création de contrats territoriaux. Les Conventions nationales devraient fixer les grandes orientations et les volets régionaux négociés et signés par les ARS avec les représentants des professionnels de santé, en lien avec les associations de patients, permettraient, par exemple, d’adapter au terrain les modes d’exercice, les conditions d’installation ou des compléments de rémunération.
On parle beaucoup de « médecine de parcours», comment définir ce concept ?
Il faut d’abord faire en sorte que le système prenne mieux en charge les malades chroniques et les personnes confrontées à des polypathologies et leur propose une meilleure coordination des soins. Cela peut être mis en œuvre relativement rapidement mais cela demande également un investissement de la collectivité pour améliorer la qualité et l’efficience du système.
Avec ces réformes, comment pourrait évoluer le rôle du médecin généraliste ?
Au fur et à mesure que la médecine et les modes de prise en charge se spécialisent, le rôle du médecin généraliste ne peut que s’accroître. Les composantes sociales, familiales et psychologiques sont aussi très importantes dans la prise en charge d’un patient et il y a peu de professionnels de santé qui sont aussi bien placés que lui pour le faire. Dès lors, il devient le « GPS » médical naturel d’un système de santé et d’une médecine toujours plus complexes. Mais, pour assurer la coordination sanitaire et sociale, la collectivité devra aussi dégager des moyens pour qu’il y ait des professionnels non-médecins qui en soient chargés en lien avec les généralistes et les structures de soins pluridisciplinaires.
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