Le syndicat des médecins libéraux (SML) ne déroge pas à son nom. À l’occasion de ses vœux de début d’année le syndicat a présenté sa feuille de route pour l’année et les négociations conventionnelles et celle-ci est ultralibérale. Sur les modes de rémunérations mais aussi sur les attendus du métier.
La nouvelle présidente de la formation, le Dr Sophie Bauer, a ainsi dénoncé « la logique de contraintes désastreuse » portée dans les propositions des pouvoirs publics à l’heure actuelle. Une manière de faire fuir à la fois la partie de la profession qui pourrait déjà être à la retraite, mais, aussi, selon elle, la jeune génération. « C’est une génération beaucoup plus entrepreneuriale qu’avant, vous ne pourrez pas les contraindre », estime la chirurgienne thoracique.
Dans cette optique, la logique de droits et devoirs mise en avant par le ministère de la Santé et l’Assurance maladie pour les négociations actuelles ? Très peu pour elle. « Les revalorisations ne doivent pas être liées à des nouveaux contrats avec l’Assurance maladie », avance-t-elle. Le contrat d’engagement territorial proposé par la Caisse ? « Ami, entends-tu le cri sourd des médecins qu’on enchaîne », ironise-t-elle en guise de réponse.
Fin de tous les forfaits, C à 50…
Redonner la liberté aux médecins, cela passe pour le syndicat par un C à 50 euros. « Avec un prix correct de la consultation, on redonne un pouvoir d’investissement aux médecins », et notamment pour embaucher, considère la présidente du SML. Elle avance que cette revalorisation permettrait 40 000 emplois d’assistants médicaux.
Et comment financer une mesure que l’Assurance maladie évalue à 7 milliards d’euros ? Le Dr Bauer évoque d’autres sources d’économies générées par cette mesure comme le syndicat l’imagine : par exemple le recrutement des 40 000 assistants chez les chômeurs actuels, la fin de « la perfusion d’argent public » pour les centres de santé, ou encore la fin de tous les forfaits actuels.
Une dernière proposition qui dénote à l’heure où une partie de la profession, notamment dans la jeune génération, met en avant le fait que le paiement à l’acte ne permet pas forcément de prendre en charge correctement une partie des patients. Mais le Dr Bauer assume « cette particularité du SML ».
Les complémentaires à la rescousse
Même si d’autres, à l’image du collectif Médecins pour demain, remettent en cause les forfaits, la proposition aura sans doute du mal à trouver un écho auprès de certains syndicats, de l’Assurance maladie ou même des Français.
Dans un sondage BVA présenté ce mardi soir lors des Contrepoints de la santé, trois quarts des sondés se disaient ainsi défavorables à un doublement du tarif de la consultation.
Et les autres propositions tarifaires du SML : avec la téléconsultation à 50 euros, un niveau 2 de consultation à 90 euros et un niveau 3 à 150 euros, peuvent également apparaître difficiles à « vendre » à l’heure où l’accès financier aux soins est un enjeu majeur.
La présidente du SML renvoie la balle aux complémentaires dont la prise en charge doit remonter à un niveau de « 30 %, contre 20 % aujourd’hui » selon elle.
Mais pour le syndicat pas question de tiers payant généralisé. « C’est l’illusion de la gratuité. L’avance de frais c’est un moyen pour que les patients se rendent compte de ce que la collectivité fait pour eux. Et peut-être que de leur côté, ils feront peut-être un peu plus attention aux messages de prévention qu’on leur délivre et qu’ils traitent parfois par-dessus la jambe », affirme-t-elle.
La facturation comme message de prévention… un parti pris qui ne fera sans doute pas l'unanimité.
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