Les médecins des centres de santé sonnent l'alerte : une prime de huit millions d'euros pourrait bien en cette fin d'année passer sous le nez de plusieurs agents de ces structures, docteurs compris.
Cette prime a été obtenue de haute lutte à la suite de l'exclusion des centres des revalorisations accordées en 2020 à l'ensemble de la communauté soignante dans le cadre des accords du Ségur. Pour mémoire, le ministère de la Santé Olivier Véran avait annoncé, cette année-là, le déblocage annuel d’une enveloppe de 8,2 milliards d’euros pour renforcer l‘attractivité des métiers de la santé et reconnaître l’engagement des soignants dans la crise Covid. Étaient principalement concernés les personnels exerçant à l’hôpital et dans les Ehpad. Mais pas les centres de santé.
« Après notre mobilisation, un amendement porté en 2022 par le député LFI de Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel, a acté l’octroi d’une dotation exceptionnelle de 8 millions d’euros aux communes gestionnaires de centre de santé », explique le Dr Frédéric Villebrun, président de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS).
À charge pour ces collectivités locales de redistribuer les sommes perçues aux quelque 150 structures publiques concernées. L’USMCS a fait ses comptes. Cette « prime Coquerel » est de 2 538 euros par agent équivalent temps plein (ETP) déclaré présent en 2022, qu’il soit médical, paramédical ou administratif.
Deux poids, deux mesures
« Mais depuis quelques jours, les remontées de terrain nous font part du refus de plusieurs collectivités locales de verser cette prime à certains personnels. Ceux qui, par exemple, ont eu une augmentation dans l’année », s’agace le Dr Villebrun, remonté contre cette redistribution « aléatoire et hésitante ».
« Pour l’instant, les alertes ne sont que ponctuelles, mais si la situation se précise, après avoir procédé à leur recensement géographique exhaustif, nous n’hésiterons pas, avec la Fédération nationale des centres de santé, à nous tourner vers les tribunaux administratifs et à alerter le ministère », prévient le patron du syndicat des médecins de centres de santé. Qui pointe un potentiel second motif de fâcherie. Certaines collectivités auraient en effet fait le choix de n'attribuer la dotation qu’aux agents présents en 2023 quand d’autres l’accordent à ceux présents en 2022. « Comment expliquer cette logique du deux poids deux mesures ? », résume le Dr Villebrun.
Éviter un bis repetita l'an prochain
Le chef de file de l’USMCS a demandé à la direction générale des collectivités locales de rappeler à ces dernières les règles encadrant la redistribution de cette prime. Il veut croire que l’imbroglio sera résolu rapidement et surtout que l’histoire ne se répétera pas en fin d’année prochaine. L’Assemblée nationale vient en effet de voter le renouvellement de cette dotation exceptionnelle pour 2023.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre