Emmanuel Macron présentera ce mardi 18 septembre son plan de transformation du système de santé visant à désengorger les urgences et renforcer l'accès aux soins de ville.
L'enjeu est de taille ; les services d'urgence hospitaliers ont connu une fréquentation record en 2016 avec 21 millions de passages, selon les statistiques du ministère de la Santé (Drees). Le recours aux urgences augmente chaque année de 3 à 4 % depuis 20 ans.
Cette situation n'est pourtant pas une fatalité, selon la profession. 66 % des 497 généralistes qui ont répondu à notre enquête en ligne estiment en effet possible de réduire le nombre de passages aux urgences hospitalières.
Un remède : la fin de la gratuité
Concernés par ce sujet, les médecins ont été nombreux à apporter leur commentaire aux débats. Plusieurs praticiens sont persuadés qu'il importe de responsabiliser davantage les usagers, quitte à les frapper au porte-monnaie. « Les patients sont exigeants souvent sans nécessité, juge le Dr Gisèle L. Ce qui est gratuit est considéré sans valeur. Il est indispensable que chacun sache ce qu'il en coûte... » « Une seule mesure peut modifier les comportements d'accès aux urgences pour tout et n'importe quoi, abonde le Dr Christian D : supprimer la gratuité. Ainsi, les patients reviendront consulter en ville. »
La profession croit à l'effet dissuasif que pourrait avoir l'introduction d'un paiement.
« Il faudrait demander de régler aux urgences le même tarif qu'un médecin de ville aurait légitimement demandé », estime le Dr Anne Y.
Au-delà de la nécessaire « éducation » des patients, une remise en question des médecins s'impose, selon plusieurs confrères. « Il faut cesser de ne faire que des consultations sur RDV, analyse le Dr Roland L. En consultation libre, les patients qui ont vraiment besoin de vous et qui vous respectent, acceptent d’attendre longtemps. »
De l'avis général, une meilleure rémunération de la médecine générale permettrait de renforcer l'attractivité de la spécialité et sa présence sur le territoire. Selon le Dr Monique R., médecin retraitée, il est également primordial pour désengorger les urgences que « les praticiens assurent leurs gardes et ne mettent pas leur répondeur le vendredi soir ».
Une question de responsabilisation
Parmi les 15 % de généralistes qui croient impossible de réduire la fréquentation des urgences, le Dr Pierre C estime que « ce n'est ni question d'argent, ni une concurrence déloyale des urgences vis-à-vis de la médecine de ville » : « Force est de reconnaître que les médecins de ville ne sont plus assez nombreux pour assurer leur mission. Les patients vont aux urgences où ils attendent parfois plusieurs heures dans des conditions peu confortables. S'ils reviennent il doit bien y avoir une raison ! »
Selon lui, l'allongement des délais de rendez-vous et le manque de disponibilité des médecins sont en partie à l'origine de « nombre d'hospitalisations inutiles, fort coûteuses et pas plus efficaces qu'une prise en charge à domicile ».
L'exigence des Français est aussi pointée du doigt. « Le patient veut tout, tout de suite, il vient aux urgences car il ne veut pas attendre le rendez-vous du soir avec son médecin. Cette réalité ne changera pas », conclut le Dr Phil, fataliste.
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