Trois semaines de travaux d’intérêt général pour son agresseur : le Dr Oulmekki « écœuré » par la décision de justice

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Publié le 14/02/2025

Violemment frappé à son cabinet en novembre dernier, le Dr Oulmekki a assisté jeudi à l’audience de son agresseur. Il ne s’explique pas la légèreté de la peine prononcée et espère que l’Ordre se portera partie civile en appel.

Le Dr Oulmekki, au lendemain de son agression fin novembre 2024, à son cabinet de Drancy.

Le Dr Oulmekki, au lendemain de son agression fin novembre 2024, à son cabinet de Drancy.
Crédit photo : DR

C’est une décision de justice qui ne passe pas : trois semaines de travaux d’intérêt général, 2 000 euros d’amende, un an d’inéligibilité et l’interdiction de venir au cabinet du Dr Mohamed Oulmekki, ce généraliste que l’accusé de 22 ans avait très brutalement agressé en novembre dernier dans sa salle de consultation de Drancy (Seine-Saint-Denis). Au regard de la violence de l’agression subie, le médecin de 64 ans ne s’explique pas la décision rendue jeudi 13 février par la 17e chambre pénale du tribunal de Bobigny. « Je suis écœuré, confie-t-il ce vendredi au Quotidien. Je n’ai pas de qualificatifs pour dire ce que je ressens. »

Pourtant, la procureure de la République avait requis six mois de prison avec sursis. « Or là, je ne pense pas que la sanction d’inéligibilité risque beaucoup de le gêner dans sa vie de tous les jours. Quant à son interdiction de se présenter au cabinet, qui viendra vérifier qu’elle est bien respectée ? », s’interroge le généraliste. Ce dernier déclare encore aujourd’hui venir travailler avec la « peur au ventre ».

Scène surréaliste

Après s’être arrêté un mois et demi, le Dr Oulmekki a repris ses consultations pour ses patients. « Si je ferme, ce sont 2 500 personnes qui se retrouvent, du jour au lendemain, sans médecin de famille », relève-t-il, avant de revenir avec amertume sur l’audience de la veille. « J’avais l’impression d’être dans une scène de télé ».

Les parties avaient été convoquées à 13 h 30 mais l’audience n’a finalement eu lieu qu’à 21 heures. Entretemps, « l’accusé rigolait avec ses proches. Ensuite, quand je suis sorti prendre l’air, je voyais son avocat qui lui faisait réciter son texte », témoigne le généraliste désabusé. Lorsque le prévenu s’exprime à la barre, il présente rapidement ses excuses. « Il n’y avait pas une once de sincérité ni de sentiment dans ses propos », poursuit le médecin de famille.

Le généraliste sexagénaire se tourne désormais vers l’Ordre des médecins de son département, espérant que l’institution fera appel et se portera, cette fois, partie civile. « Lorsque l’Ordre m’avait contacté après l’agression, il m’avait dit qu’ils songeaient à le faire. Mais il n’y a pas eu de suite », déplore le médecin de Drancy.

Le généraliste compte sur le soutien de ses pairs. « Je n’agis pas par esprit de vengeance, en me disant que mon agresseur n’a pas pris assez cher, explique-t-il. Mais s’il n’y a pas au moins une condamnation de prison avec sursis, cela veut dire qu’on peut casser la figure d’un médecin sans vraiment risquer grand-chose. »


Source : lequotidiendumedecin.fr