On se plaint en haut lieu de la disparition progressive des généralistes, cela seulement jusqu'en 2025, pour rassurer le bon peuple mais surtout les politiques dont le sens prévisionnel est bien connu de tous. La réalité est tout autre, le généraliste est en réalité en grève, mais pas les généralistes. Il ne faut pas confondre le généraliste-collectif, et les généralistes-individuels.
Un peuple, c'est comme un individu, c'est formé d'organes. Par exemple, les globules rouges sont le paysan-collectif ; lui aussi est en grève depuis longtemps il y en a de moins en moins, car la grève d'un collectif n'a rien à voir avec la grève des individus de même nom. Pour cette grève, une solution a été trouvée : la perfusion par de la nourriture en provenance de l'étranger. Les reins sont les généralistes ; avec un rein, on vit encore très bien, on peut amputer le généraliste de 50 %, le peuple français continuera à fonctionner, mais jusqu’où faudra-t-il aller dans la grève pour que le politique réagisse à temps ? On peut réquisitionner, on peut mettre en route la dialyse artificielle avec des médecins qui viennent de l'est, ce ne sont que des remèdes « individuels » appliqués au « collectif », c'est d'une efficacité des plus douteuse.
Alors, de quoi se plaint le généraliste-collectif pour faire grève ?
Certes, de revenus insuffisants (alias l'enveloppe globale, car c'est cela le revenu réel du généraliste), mais aussi d'un temps de travail qui est peu décent chez les salariés. Car bien sûr, nous sommes les salariés de la Sécu, c'est bien elle qui fixe notre « enveloppe globale », et on nous dit bien que sans la Sécu nous crèverions de faim…
Il suffit de comparer le temps de travail du médecin salarié (type médecin du travail, scolaire ou de Sécu), sa « responsabilité » réelle, et son revenu tant en vie active qu'en retraite à 60 ans pour comprendre qu'au niveau médical, la cote du généraliste n'a plus cours, et donc, qu'il fait grève en allant voir ailleurs.
Alors, le généraliste fait grève. Pour longtemps encore, sans doute pour toujours, tant pis pour nos concitoyens. Car le politique veut sans doute, en réalité, la disparition du généraliste pour le remplacer par une infirmière de 1re classe, comme cela a déjà été proposé. Il est effectivement plus facile de manipuler des personnes que l'on forme soldat plutôt que des personnes qui se sont créées libres afin de pouvoir avoir la confiance de leurs patients. Responsable mais pas coupable ; donc quel qu’en soit le coût financier ou humain, collectif ou individuel. Nietzsche a tué Dieu, le politique a pris sa place, il sait comment ça fonctionne.
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