Le nombre de généralistes diminue inexorablement. La nouvelle édition de l’Atlas de la démographie médicale, présentée par l’Ordre des médecins le 2 juin, s’inscrit dans la continuité des précédentes études. Et, pour cette 10e édition du genre, le Cnom propose une analyse des évolutions qu’ont connues les effectifs de médecins lors de cette décennie.
Perceptible depuis 2007, la tendance à la baisse du contingent de généralistes, tous modes d’exercice confondus, ne devrait pas aller en s’améliorant : la courbe représentant l’activité régulière des omnipraticiens devrait en effet poursuivre son étiolement jusqu’en 2025. Alors qu’en 2016 près de 89 000 généralistes sont inscrits au tableau de l’Ordre – soit 8 000 de moins qu’en 2007, ils pourraient n’être qu’à peine de 81 000 dans 9 ans si la démographie de la spécialité continue de dégringoler. Au total, cette chute « pourrait se traduire par la perte d’un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-2025 », alerte Jean-François Rault, membre du Cnom.
De grandes disparités régionales
« Il convient cependant de ne pas avoir une approche trop monolithique », met toutefois en garde le président de la section santé publique et démographie médicale à l’Ordre. Pour le généraliste de Villeneuve-d’Ascq, « l’approche par bassin de vie se révèle ainsi la plus pertinente pour identifier les zones potentiellement en danger selon l’analyse de la variation des effectifs et de la densité médicale ». S’agissant des effectifs de généralistes en effet, de grandes disparités régionales s’observent : pendant que l'Ile-de-France perdait, en 10 ans, 18,7 % de généralistes, les Pays de la Loire enregistraient un gain de 1,3 % d’omnipraticiens. Mais, en moyenne, les régions ont perdu 8 % de leurs professionnels.
À l’échelon départemental, les effectifs stagnent dans deux territoires (en Corse et dans la Drôme), augmentent dans treize autres (en Bretagne, dans le sud de l’Aquitaine et en Savoie, notamment) mais diminuent dans les 81 restants. Au regard de la densité médicale, en revanche, elle est considérée comme forte dans 38 départements (essentiellement sur la façade atlantique et le pourtour méditerranéen), moyenne dans 14 territoires et faible dans 44 autres situés, surtout, en Ile-de-France, Normandie ou encore dans le Centre.
Le salariat gagne du terrain
Ces évolutions démographiques ne sont pas sans incidence sur les modes d’exercice. Libéral ou salariat, les deux options ont tendance à se rapprocher, la première perdant du terrain depuis 2007 tandis que la seconde en gagne. Et d’après les projections de l’Ordre, ces évolutions devraient se poursuivre jusqu’en 2025. Si, en 2016, 56 347 généralistes exercent en libéral quand 32 454 ont fait le choix du salariat, ils ne devraient n’être plus qu’environ 48 000 libéraux pour un peu de plus de 34 000 salariés en 2025.
L’institution ne va toutefois pas jusqu’à pronostiquer une éventuelle inversion des courbes. Mais celles-ci pourraient toutefois subir l’influence du nouveau virage de la profession : la pyramide des âges permet, en effet, d’envisager un rajeunissement prochain des généralistes : en 2016, plus d’un quart de la profession a plus de 60 ans et 16 % moins de 40 ans.
Les stages chez les médecins généralistes pourraient contribuer à l’arrivée de jeunes praticiens. Car d’après une étude du Cnom évaluant l’impact des stages ambulatoires sur le choix d’exercer ou non la médecine générale, leur stage a donné envie à 68 % des externes de s’orienter vers la spécialité. Et a conforté plus de 80 % des internes dans leur choix de filière. Les résultats de cette enquête menée en 2015 auprès de 2 732 étudiants de 2e et 3e cycles témoignent d’« un degré de satisfaction des jeunes qui est important », relève Jean-Marcel Mourgues.Le président de la commission jeunes médecins de l'Ordre note toutefois « un bémol » : « les jeunes sont manifestement satisfaits quant au contenu médical mais moins quant à l’initiation aux démarches administratives ».
Plus de 95 % des étudiants ont, en effet, participé à l’examen clinique en consultation mais à peine plus d’un tiers (37 %) a eu l’occasion d’être initié à la comptabilité ou à la gestion du cabinet. Même si cela ne relève pas du cœur du métier de généraliste, celui-ci « déborde vers ces tâches périphériques », fait remarquer le conseiller ordinal, et, à ce titre, elles mériteraient d’être présentées lors des stages. L’étude montre également la satisfaction voire la très grande satisfaction des étudiants à propos de la démarche de compagnonnage de leur maître de stage et de la présentation du métier qui leur a été proposée. Et plus de 7 répondants sur 10 aimeraient devenir maîtres de stage.
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