« C’est un moment historique », pour le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, les grèves du 1er et 2 décembre qui se préparent pourraient représenter un tournant.
Il faut dire que la mobilisation s’annonce marquante à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle réunit largement. À l’image de la conférence de presse intersyndicale qui se tenait ce mardi 29 novembre dans laquelle intervenait une partie des syndicats de médecins libéraux : FMF, SML, UFML-S, mais aussi Jeunes Médecins, les internes avec l’Isni, Les biologistes médicaux, Le bloc ou encore le collectif à l’origine du mouvement de grève Médecins pour demain.
L’ensemble des syndicats représentatifs de médecins libéraux ont d'ailleurs rejoint la mobilisation et appellent à la grève en fin de semaine.
De 70 à 90 % de grévistes annoncés
Historique aussi car la participation des médecins, de ville notamment, s’annonce très importante. Le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF, annonce entre 70 est 90 % de grévistes en ville.
En Mayenne, le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF et le Dr Josselin Delahaye président de MG France 53 tenaient aussi une conférence de presse pour parler de la mobilisation. Ils annoncent un minimum de 80 % de grévistes jeudi et 70 % vendredi. Et surtout les syndicats perçoivent que le mouvement atteint des médecins qui n’ont pas forcément l’habitude de se mobiliser.
« On pense que le mouvement va être très suivi, on voit des médecins qui n’ont pas forcément la culture de la grève, qui n’ont jamais fermé et qui vont le faire cette fois-ci », souligne le Dr Jérôme Marty.
À l’image du Dr Delahaye, « c’est la première fois que je me mets en grève mais je n’ai jamais eu aussi peur pour mon métier et pour mes patients », confie le généraliste mayennais.
Car pour beaucoup cette grève sonne comme celle de la dernière chance. « Le corps médical est en grande souffrance. Si rien n’est fait la France sera un vide sanitaire », explique le Dr Le Sauder. « Nous percevons tous que c’est la dernière chance pour sauver notre médecine et l’hôpital public », abonde le Dr Marty. Le collectif Médecins pour demain, représenté par le Dr Céline Bretelle explique vouloir défendre sa profession et « un attachement viscéral à la médecine au chevet du malade », mais regrette que « les conditions de travail en libéral soient devenues trop difficiles ».
Fermeture des cabinets entre Noël et le Jour de l'an ?
Alors non parfois sans une certaine culpabilité, les médecins veulent taper un grand coup cette fin de semaine. « C’est scandaleux d’être obligés de créer le chaos pour être entendu mais nous n’avons plus rien à perdre au point où nous en sommes », lance le Dr Duquesnel.
Car même si la revalorisation de la consultation est la demande mise en avant, les médecins revendiquent une mobilisation pour leurs patients. « Nous ne voulons pas gagner plus mais travailler mieux », avance le Dr Le Sauder. « Nous voulons donner plus de temps aux patients car nous sommes devenus maltraitants, nous ne pouvons pas répondre à la demande de soins. On le vit mal », ajoute le Dr Marty. Pour le Dr Duquesnel il faut donc « leur donner les moyens de travailler autrement ».
Et avant même les deux journées de grève, les médecins sont prêts à durcir le mouvement pour être entendus. Ce mardi soir l’ensemble des syndicats se réunissait pour discuter de la suite éventuelle à donner au mouvement. Mais le collectif Médecins pour demain évoquait d’ores et déjà la possibilité d’une « grève dure et illimitée » à partir du 26 décembre ou le Dr Duquesnel celle de la permanence des soins.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre