"Les femmes ne sont pas des hommes comme les autres", explique le Dr Bernard Guillon. Président de l'Association pour le développement de la santé des femmes (ADSF), il a présenté un baromètre de la santé des femmes en précarité, qui en dit long sur la situation sanitaire de cette population. Cette étude, menée à l'occasion des 15 ans de l'association, est le résultat de deux années de "maraudes" dans les bidonvilles, squat, hôtels sociaux et dans les rues de Paris et sa banlieue, à la rencontre de femmes en grande précarité, confrontées à des problèmes de santé. Ces derniers sont principalement liés à des grossesses ou d'ordre gynécologique (fausses couches, fibromes…). En 2015, 70% des femmes enceintes suivies par l'association, n'avaient pas vu de médecin. Par ailleurs, 43 % de ces femmes sont sans contraception, le travail de sensibilisation représente donc aussi une part importante du travail des bénévoles.
ADSF, qui passe deux fois par semaine lors de maraudes, intervient également auprès de femmes pour d'autres pathologies de médecine générale directement liées à la précarité. Parmi elles, des infections urinaires, déficits de vaccination ou encore des problèmes liés à l'alimentation : cholestérol, hypertension, diabète…
Multiplication des maraudes et aides à l'ouverture de droits sociaux
En tout, ce sont 452 femmes qui ont été accompagnées par l'association lors des deux dernières années. La grosse majorité d'entre elles sont des femmes d'origine roumaine (94%), vivant dans des bidonvilles. "Il est plus facile de retrouver ces groupes de femmes régulièrement car elles restent au même endroit, contrairement aux femmes dans la rue ou dans des squats", explique le Dr Guillon, gynécologue et membre par ailleurs de MSF. Aujourd'hui, les maraudes se sont multipliées dans le 93 et 94, mais aussi dans les XVIII, XIX et XXe arrondissements de Paris. Par ailleurs, l'ADSF a lancé un programme de dépistage du cancer du col par frottis dans les villes du 94, en partenariat avec l'Adoc94.
Un autre volet très important de l'ADSF est consacré au rapprochement entre ces femmes en grande précarité et l'offre de soin et de couverture sociale. 63 % des femmes suivies ne bénéficient d'aucune couverture de type AME ou CMU leur permettant une prise en charge. Des bénévoles, dont certains sont des travailleurs sociaux, sont aussi là pour les accompagner dans leurs demandes administratives et aussi pour être des médiateurs lors des rendez-vous médicaux.
Si le nombre de maraudes a doublé entre 2015 et 2016, l'association manque cependant de bénévoles, notamment de médecins, pour intervenir auprès de ces femmes qui vivent au quotidien en grande précarité. On peut également adresser un don et retrouver le rapport complet et toutes les infos sur le site internet d'ADSF.
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