Hasard du calendrier ou non ? Hier matin, jeudi 4 juillet, Mediapart publiait un article intitulé « Notre-Dame de Paris : après l’incendie, un scandale sanitaire » mettant en évidence les risques d’intoxication au plomb à la suite de l’incendie survenu dans la cathédrale le 15 avril dernier. En début de soirée, l’ARS Ile-de-France publiait un long communiqué pour faire le point sur la situation sanitaire après l'événement.
Si l’ARS se veut rassurante concernant la sécurité des riverains de la cathédrale, notamment celle des enfants de moins de 7 ans et des femmes enceintes qui sont les deux populations les plus à risque, l’agence admet l’existence d’informations lacunaires sur le taux de plomb du parvis de Notre Dame. Elle affirme avoir « pris connaissance en fin de semaine dernière des résultats de prélèvements effectués [sur le parvis, NDLR] qui montrent que les premières mesures de nettoyage n’ont pas eu l’efficacité souhaitée. » En conséquence, l’ARS réclame une nouvelle opération de nettoyage suivie de nouveaux prélèvements. « L’interdiction d’accès au public sera maintenue tant que l’efficacité de ces mesures de dépollution n’aura pas été constatée ou que le risque d’exposition des publics n’aura pas été réduit. »
Des taux de plomb très élevés sur le parvis
Selon le site d’information Mediapart, des documents en date du 6 mai auraient pourtant révélé des taux « 500 fois » supérieurs aux seuils autorisés sur le parvis. À l’intérieur de la cathédrale, ils seraient « de 10 à 740 fois supérieurs ». Sur certains ponts, squares ou rues, ce serait « 2 à 800 fois », comme sur le pont et la fontaine Saint-Michel, des lieux très fréquentés. Le site d’information accuse les autorités d'avoir « tu les dangers » « pour éviter un effet de panique et s’épargner une polémique ». Il rappelle que le 9 mai, la préfecture de Paris et l'ARS d'Ile-de-France avaient signé un communiqué rassurant.
Le 13 juin dernier sur le chantier, les nouveaux prélèvements auraient montré des résultats « du même ordre de grandeur que les précédents tests. » Mediapart met en cause le ministère de la Culture qui a hérité de la direction du chantier de rénovation de la cathédrale de ne pas se soucier de la sécurité des ouvriers. Certains travailleraient « sans masques ni gants », certaines douches de décontamination ne fonctionneraient pas, des sas de décontamination seraient placés en zones contaminées, etc. Et tout cela semblerait se faire au mépris des alertes des injonctions de l’inspection du travail.
Un seul cas de plombémie suspecte chez les riverains
Pour l'ARS, nul doute que les flammes ont provoqué une pollution au plomb dans les alentours de la cathédrale ce qui constitue un « événement sanitaire inédit ». Elle précise que le risque sanitaire principal réside dans l’éventuelle ingestion de poussières de plomb retombées sur le sol. Ce qu’un expert du Haut Conseil de Santé Publique, interrogé par Le Généraliste à la suite de l’annonce du premier cas d’enfant riverain porteur d’une plombémie élevée, confirme.
L’ARS avait communiqué dès le 27 avril auprès des riverains de Notre-Dame pour leur rappeler les recommandations de nettoyage des logements. Elle avait alors incité au dépistage des enfants de moins de 7 ans et des femmes enceintes vivant sur l’île de la Cité en consultant leur médecin traitant ou en se rendant à la consultation dédiée de dépistage à l’Hôtel-Dieu.
Les médecins généralistes oubliés par les autorités
Interrogés par Le Généraliste, trois médecins de famille exerçant près de la cathédrale ont indiqué n'avoir reçu aucune directive des autorités sanitaires relative à la conduite à tenir pour les personnes exposées. « Nous n'avons eu aucune information, c'est une défaillance totale », regrette le Dr Gilbert Hass, omnipraticien installé rue Saint-André-des-Arts.
L’ARS précise aussi que tous les prélèvements de poussières intérieures réalisés au domicile de familles vivant à proximité de la cathédrale se sont révélés inférieurs au seuil réglementaire (…) Pour le seul cas de dépassement recensé – cas de l'enfant à la plombémie élevée –, un nettoyage du logement a permis de redescendre sous le seuil attendu et « l’analyse de l’habitat a montré des causes multiples d’exposition au plomb dont certaines sans lien avec l’incendie de Notre Dame ». Aucun autre riverain à risque n’aurait eu de plombémie supérieure au seuil réglementaire.
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