Succès sur les ondes et flop dans la rue pour le "Jour noir" des "médecins pigeons"

Publié le 18/02/2014

Crédit photo : DR/UFML

Ça promettait d’être la manif du siècle. Au moins sur le papier. Mardi à 13 h, devant le ministère de la Santé, les médecins pigeons de l’UFML allaient, annonçaient-ils, « faire action autour du burn-out et des suicides ». Il ne s'agissait pas d'une véritable manifestation mais plutôt d'un "happening", une mise en scène "choc" qui s'apparente au théâtre de rue. « Pour cette action il serait nécessaire d'avoir 40 à 50 participants, ceux-là seront en blouse blanche et stéthoscope avec masque blanc (...) Devant la presse les participants se présenteront de front, une corde leur sera passée autour du cou, et, à chaque coup d'un gong, ils s'effondreront. Parallèlement des tracs avec les données du problème seront distribués. Une gerbe sera déposée à la mémoire des médecins disparus en exercice ou du fait de l'exercice ». Voilà ce qu’on pouvait lire sur le site Internet des contestataires.

12h55: aucune pancarte ni blouse blanche en vue
Sur place, la réalité était un peu en deça. 12h55 : une camionnette de police est garée devant l’entrée du ministère, avenue Duquesne. Deux policiers sont plantés là, dirait-on, pour renseigner les passants et les quelques photographes de presse présents sur place. Aucune pancarte ni blouse blanche en vue. Quelques représentants des forces de l'ordre, courtois, informent que la manifestation n’a pas été déclarée et qu'elle n'est pas légale. «Ils n’ont pas fait les choses en bonne et due forme. Aucune délégation ne pourra être reçue ». Annulée, la manif ? Joint finalement au téléphone, Jérôme Marty nous signale pourtant qu'ils étaient bien là. Ils étaient un peu moins nombreux que prévu. «Une quinzaine» nous dit-il - bien loin des 50 annoncés sur Internet -, pas loin du ministère mais « sur le trottoir opposé ». Il le confirme: l’happening n’avait pas été annoncé. « Mais on l’a fait quand même, c’est notre côté rebelle! »

De son côté, l'AFP (et aussi quelques télés) ont eu droit à la mise en scène et confirme qu'une vingtaine de médecins en colère ont mimé des suicides mardi à la mi-journée pour lancer un cri d'alarme sur les risques de surmenage et de suicides qui menacent, selon l'UFML, la profession. Masque blanc et corde autour du cou, les médecins alignés, vêtus de leurs blouses blanches et portant charlottes ou stéthoscopes, se sont effondrés l'un après l'autre sans un mot, mimant le suicide, à chaque coup d'un gong venu sonner le glas de la profession. Le burn-out serait à l'origine de 40 suicides par an, selon l'association.

Les "pigeons" font le buzz
Si dans la rue la présence des "médecins pigeons" était plus que discrète, le buzz médiatique autour de l'opération a très bien marché dans la matinée de mardi. Le Parisien, France bleue, France Info, 20 minutes... Relayé par les réseaux sociaux, le message de leur leader Jérôme Marty a été repris en boucle par les médias. Une belle orchestration menée par les animateurs de l'UFML, qui au-delà de cette action de sensibilisation sur le burn-out et les suicides des professionnels de santé avancent une série de revendications, qui vont de la suppression de l’avenant n°8 sur les dépassements tarifaires à l’alignement des rémunérations des médecins libéraux sur la moyenne européenne, en passant par la lutte contre les réseaux mutualistes ou la défense de la liberté d’installation et, bien entendu, l'opposition à la généralisation du tiers payant.


Interview du Dr Jérôme Marty, président de l'UFML sur France Inter


Cette manifestation devrait être suivie d’une semaine de fermeture des cabinets du 17 au 24 mars organisée par un "collectif de mars" auquel participe aussi la FMF.


Giulia Gandolfi

Source : lequotidiendumedecin.fr