L'annonce du nouveau recensement du nombre de maîtres de stage des universités (MSU), désormais plus de 10 000 à encadrer et superviser les étudiants en médecine du second et troisième cycle des études, n'est pas passée inaperçue… et véhicule de nouveaux espoirs.
Enregistrée pour la troisième année consécutive, cette augmentation réjouit le Collège national des enseignants généralistes (CNGE), qui a décidé d'en faire un nouvel argument pour défendre l'accélération de la mise en place d'une quatrième année du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale. Sauf que tout le monde n'est pas d'accord, à commencer par les internes de médecine générale eux-mêmes. Depuis le début de la semaine, les deux camps défendent leur position sur Twitter.
Il y a les pour :
Cette 4e année est nécessaire pour que les internes complètent leur formation, puissent exercer en condition réelle et supervisée, se sentent prêts à s’installer, et pour que la formation puisse donc répondre aux besoins de la population. 8/
— CNGE (@CNGE_France) April 23, 2019
Et les contre, comme Maxence Pithon et Stéphane Bouxom, respectivement ancien président et porte-parole de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) :
Qu'en est-il de la répartition de ces MSU ? Certaines subdivisions ne peuvent permettre le stage praticien niveau 1 en première année. On va peut être déjà appliquer la réforme partout avant de créer de nouvelles inégalités de formation ? Cc @ISNARIMG
— Maxence Pithon (@Max_Pithon) 23 avril 2019
C'est top d'avoir augmenté le nombre de MSU, vraiment. Mais ça reste tendu dans beaucoup de facs. Et quantité veut pas dire qualité. De bonnes capacités d'enseignement, c'est les deux. Avant d'aller plus loin, on améliore l'encadrement ou on continue comme si tout est parfait?
— Stéphane Bouxom (@sbouxom) 23 avril 2019
En dehors des représentants syndicaux, d'autres carabins ou étudiants en médecine donnent de la voix de manière plus frontale :
Ça sera un échec.
— La D.A.M (@DirAffMed) 24 avril 2019
Comme toutes les décisions que vous prenez sans vous concertez avec les étudiants.
Ça me donne de moins en moins envie de faire de la Med G. Bravo !
— Le Dude - Ingrat Corporatiste (@woodspoked) 24 avril 2019
Pas qu'une question d'allongement de la maquette
L'opposition entre les jeunes et les enseignants de médecine générale sur l'éventualité d'une quatrième année dans cette spécialité ne date pas d'hier. Au printemps 2018, l'ISNAR-IMG a spécifiquement sondé ses troupes sur ce sujet. Le syndicat défend une position argumentée : l'allongement à quatre ans, oui, mais sous conditions. Le nombre de MSU est certes important mais ce n'est pas la seule condition requise à la création d'une quatrième année. À titre d'exemple, les jeunes médecins souhaitent également réévaluer la maquette afin que cette année charnière soit professionnalisante. Elle devra aussi être l'occasion d'affiner au mieux son projet professionnel.
Le CNGE appuie régulièrement sa position sur le recrutement des MSU, qui se porte de mieux en mieux. « L’augmentation du nombre de MSU et le mouvement impulsé par les enseignants de médecine générale permettent donc aujourd’hui de savoir que l’objectif de 12 000 MSU sera atteint dans les deux à trois ans qui viennent », souligne le Pr Vincent Renard, président du CNGE. Et de rappeler : « Cet objectif fixé en novembre 2017 au congrès du CNGE était la condition pour mettre en place la quatrième année professionnalisante qui manque au DES. »
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