En amont de la manifestation parisienne de ce mardi, l'union régionale des professions de santé médecins libéraux (URPS ML) Île-de-France a rendu publique une enquête alarmante qui montre que le « déconventionnement » n'est plus tabou dans la profession, dans le climat conflictuel actuel.
Dans un contexte marqué à la fois par des négociations conventionnelles très compliquées et l'examen de la proposition de loi (PPL) Rist sur l'accès direct aux paramédicaux, l'URPS a voulu prendre le pouls du corps médical francilien grâce à un sondage en ligne réalisé entre le 7 et le 10 février, qui a obtenu 1 593 réponses, soit plus de 10 % des médecins libéraux de la région.
À la question ainsi posée « dans l'hypothèse où les propositions de loi et les négociations conventionnelles qui se discutent en ce moment deviennent la réalité de votre exercice demain, que décidez-vous ? », 73 % des répondants envisagent une stratégie de changement, soit sous forme d'exercice hors convention, en cherchant un poste salarié ou en réorientant sa carrière.
Dans le détail, seulement 22,5 % des confrères (359 réponses) prévoient de poursuivre leur exercice libéral tel qu'aujourd'hui, et une infime minorité (2,2 %, 36 réponses) envisagent d'adhérer au décrié « contrat d'engagement territorial » (CET) dont le contenu et les modalités sont en discussion dans les négociations en cours avec la Cnam – le principe de ce contrat à choix multiples étant que les médecins accueillent davantage de patients, participent à la PDS ou aux soins non programmés, fassent des consultations avancées, etc.
A contrario, dans cette même hypothèse, près du quart des médecins libéraux (358 réponses) déclarent être prêts à se déconventionner tout en poursuivant leur activité médicale tandis que 11,8 % voudraient « développer une activité médicale hors du champ conventionnel », indice du malaise d'actuel. Pour les autres confrères, les options envisagées sont la retraite (10,6 % des répondants), la recherche d'un poste salarié (9,8 %), l'expatriation (7 %) ou la reconversion en dehors de la médecine (6,5 %) !
Les jeunes plus proches de la sortie de la convention
Selon l'enquête francilienne, les moins de 45 ans seraient les plus enclins à se déconventionner : 27 % des répondants (toutes spécialités) se déclarent prêts à sauter le pas. Entre 45 et 60 ans, c'est plutôt la poursuite de l'exercice libéral actuel qui domine sans toutefois être majoritaire (29 % des répondants). Quant aux plus de 60 ans, sans surprise près de la moitié du panel déclare son intention de prendre sa retraite.
Chez les seuls généralistes – dont la moyenne d'âge est de 47 ans dans l'échantillon – la tentation du déconventionnement existe dans les mêmes proportions significatives puisque 23 % l'envisagent. « Si ces lois sont votées, il faudra se préparer à une diminution de la qualité de notre système de santé et à une augmentation des risques dans un système de soins déjà mis à mal par une longue chaîne de réformes, avance l'URPS Île-de-France, présidée par l'UFML-Syndicat. Les médecins franciliens rejettent ces lois qui contribuent à dégrader la pratique médicale, quitte à opter pour le déconventionnement ».
Les URPS très mobilisées
Plusieurs unions ont apporté ces derniers jours leur soutien à la grève de ce mardi, marquant leur rejet total de la proposition de loi Rist et alertant sur le risque de découragement durable de la profession. Pour l'URPS ML Bourgogne Franche-Comté, présidée par Le Bloc, « la place centrale du médecin traitant et la sécurité des prises en charge de second recours en établissement sont remises en cause. La pertinence des actes, l’efficience des parcours de santé, la sécurité des prises en charge et l’optimisation de nos capacités hospitalières, publiques et privées, s’en trouveront encore plus altérées ».
Même son de cloche à l'URPS ML Paca. La PPL Rist « promet une dégradation intolérable de la qualité des soins en autorisant des professionnels non-médecins à pratiquer la médecine, affirme son président (SML), le Dr Laurent Saccomano. C’est un nouveau coup porté à la médecine libérale, une nouvelle preuve de l’absence de considération des pouvoirs publics vis-à-vis de notre rôle pourtant primordial dans l’organisation des soins ».
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