À cinq jours d'une nouvelle grève des médecins libéraux, sur fond de négociations tendues avec l'Assurance-maladie et de l'examen au Sénat de la proposition de loi de la députée Stéphanie Rist, le ministre de la Santé maintient dans un entretien à l'AFP que sa priorité reste « de répondre aux besoins de santé de la population ».
Alors qu'une très large coalition d'organisations médicales, rejointe hier par l'Ordre des médecins, a appelé à la mobilisation le mardi 14 février contre la PPL Rist, François Braun déclare entendre « leur inquiétude, leur colère » mais aussi celle « des Français qui n'arrivent pas à trouver un médecin, ni à avoir les soins dont ils ont besoin ».
Rappelant l'objectif fixé par le président de la République que chaque Français puisse avoir accès à un médecin traitant – à commencer par ceux qui sont ALD – ainsi qu'aux spécialistes « dans un délai adapté à sa pathologie », il a tenté aussi de donner des gages au corps médical. « Bien sûr, le médecin généraliste traitant est et restera la colonne vertébrale de notre dispositif de soins primaires, a assure le locataire de l'Avenue de Ségur. Ce serait une aberration qu'il ne soit plus au centre du jeu. Mais on ne peut pas rester dans le statu quo actuel, parce que les besoins de santé de la population sont croissants, alors que le nombre de médecins va continuer à diminuer. »
26,50 euros, un point de départ
Invité à commenter la hausse transversale de 1,50 euro sur les tarifs des consultations, il a répondu qu'il s'agit « d'un point de départ, en aucun cas une volonté d'humilier ou de mépriser les médecins ». En écho au directeur général de la Cnam, il souligne que « ces 26,50 euros, qui peuvent paraître dérisoires, c'est en moyenne pour un généraliste 7 000 euros de plus par an. C'est aussi un point de départ parce que ça concerne tous les médecins. Il y a la base, pour tout le monde, et il y a une deuxième partie en discussion. Ceux qui iront dans une logique territoriale, pour répondre aux besoins de la population de leur territoire, ceux-là bien sûr auront une valorisation supérieure ».
Comme Thomas Fatôme, le ministre a refusé, à ce stade, de dévoiler le montant total alloué aux revalorisations. « Bien sûr, il y a d'autres moyens, mais c'est aussi le principe d'une négociation, on ne va pas dévoiler ses cartes tout de suite », a commenté l'ancien urgentiste, récusant de favoriser l'hôpital public qui vient de récupérer une rallonge de 600 millions d'euros pour cette année. « En 2023, le budget de la médecine de ville, c'est trois milliards de plus que celui de l'hôpital, donc qu'on arrête de me dire qu'on favorise l'hôpital et pas la ville », a-t-il recadré.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre