Des « droits et des devoirs » : voici ce que François Braun attend toujours des médecins libéraux et il ne bouge pas d'un iota. Dans un entretien au quotidien régional « Nice matin » ce vendredi, le ministre de la Santé renvoie aux syndicats de médecins libéraux la responsabilité de l'échec des négociations en vue d'une nouvelle convention médicale, qui ont duré quatre mois. « Quand on négocie, on fait chacun un pas vers l’autre ; j’ai fait de nombreux pas vers eux, ils n’en ont fait aucun vers moi », répond l'ancien urgentiste, qui reproche même aux organisations de ne pas avoir fait de « contre-propositions ».
Alors que l'arbitre chargée de rédiger un nouveau texte, l'ancienne inspectrice des affaires sociales (Igas) Annick Morel, s'est déjà mise au travail en commençant à recevoir les représentants de la profession, François Braun prend l'opinion publique à témoin. « Qui accepterait aujourd’hui que l’on augmente de 20 % les revenus d’une profession – et c’est ce à quoi aboutirait la convention – du jour au lendemain, sans contrepartie, affirme le ministre dans cet entretien. Comment expliqueriez-vous demain à vos lecteurs que le ministre de la Santé a fait un chèque en blanc de 1,5 milliard d’euros aux médecins de ville en leur disant simplement : Soyez gentils, faites un effort. »
Sirènes du déconventionnement
Le ministre de la Santé, qui assume pleinement le contenu de la lettre de cadrage de la négociation adressée à Thomas Fatôme, DG de la Cnam, s'explique aussi sur la réforme du système de santé qu'il « essaie d'impulser ». « Je propose un contrat individuel dans le cadre de résultats à l’échelle collective. Mais je comprends que c’est très compliqué à intégrer pour des médecins libéraux. » La notion de contrat individuel entre les médecins libéraux et les caisses primaires n'est cependant pas entièrement nouvelle. Avant que la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) ne fasse partie intégrante de la convention médicale, l'Assurance-maladie avait voulu acculturer les praticiens en leur proposant un contrat d'amélioration des pratiques individuelles (Capi), qu'ils étaient libres de signer ou non.
Enfin, comme il l'a déjà dit sur France Inter, François Braun lance un avertissement solennel aux médecins libéraux tentés par les sirènes du déconventionnement. « Sont-ils capables d’afficher qu’ils ne veulent plus soigner les 80 % de la population française qui n’auront pas les moyens de payer 60 euros en étant remboursé 0,60 euro, défie-t-il. En tant que ministre de la Santé, je juge cela inacceptable, je m’y oppose. Je ne rentrerai pas dans ce chantage au déconventionnement. » Pour autant, le gouvernement ne dispose à ce jour d'aucun moyen pour empêcher les médecins de se déconventionner.
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